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Alexandre Guilmant, le plus british des organistes symphoniques français

, quel musicien étonnant, véritable homme à tout faire au tournant du siècle, à l'instar précédemment de Michel Corrette ou de Boëly que l'on fête cette année. Vulgarisateur, diffuseur de musiques anciennes par l'édition (archives des maîtres de l'orgue), la transcription ou le concert, pédagogue, improvisateur, virtuose, organiste liturgique et conseiller en facture d'orgue, mais avant tout grand maître dans l'art de la composition, voici en quelques images, ce que fût cet artiste en son temps, parcourant aussi le monde, en voyageur infatigable, lors de tournées de concerts d'orgue triomphales. Les mélomanes lui rendent bien justice aujourd'hui, et il est heureux de saluer une discographie qui ne cesse de s'enrichir de quelques pierres précieuses. Attachons nous aujourd'hui avec celle-ci à découvrir les affinités de Guilmant avec les îles britanniques où il fût souvent acclamé, prenant part activement à leur vie musicale et organistique. Du coup, plusieurs œuvres pour orgue sont imprégnées de ce style d'outre Manche, qui ne manque pas d'une certaine pompe, et qui s'adapte si bien à l'esthétique des orgues britanniques, instruments souvent massifs, et à sonorité de gros harmoniums. La dynastie des Willis, comparable à celle des Cavaillé-Coll, produira une grande quantité d'instruments (il y avait un travail énorme de reconstruction après les massacres dû à la révolution), et que la musique de Guilmant sert magnifiquement. D'où ce choix judicieux de de l'orgue Henry Willis et fils, de la cathédrale de Dundalk en Irlande. Tout semble ici évident pour l'interprète qui possède toute une palette sonore en adéquation avec les indications de registration de l'auteur, démontrant par ailleurs que l'orgue anglais n'est pas toujours aussi terne et lourd. Le jeu de l'organiste est aéré, cette musique se révélant à nous sous un jour nouveau, à distance des canons dictés par nos orgues Cavaillé-Coll. Le programme est des plus attrayants : une grande Sonate n° 7en six mouvements, quelques pièces plus modestes mais digne du plus grand intérêt comme cette transcription du Cygne de Saint-Saëns, ou cette Marche funèbre et chant séraphique aux accents wagnériens très marqués. Remarquons également un Stabat Mater des plus inspiré, et dont l'alternance du plain-chant est assurée harmonieusement par l'ensemble vocal Resurgam. Un personnage aux mille facettes, et comme le dit très bien Kurt Lueders, qui signe pour ce disque un texte passionnant, le «cas Guilmant» doit nous interpeller, dans cette appréciation envers la musique, sa diffusion et sa finalité.

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