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Triptyque européen avec le Ballet de Mayence

Deux spectacles de danse bien différents viennent de se succéder à l'Opéra de Dijon : après les recherches opérées par Anne Teresa De Keersmaeker à partir des œuvres de Steve Reich, et nous proposent une chorégraphie nettement plus classique pour les cinquante ans du jumelage Dijon-Mayence.

Pourtant les œuvres musicales choisies sont aussi bien des pièces anciennes que contemporaines : nous découvrons avec intérêt les œuvres pour piano d'un musicien d'Azerbaïdjan élève et ami de Chostakovitch, qui possède un sens de l'écriture plus humoristique que ne le laisserait penser le prix Staline qui lui fut attribué deux fois au cours de sa carrière.

Elles constituent le premier volet d'un triptyque chorégraphié d'une façon épurée, qui met en valeur les mouvements de huit danseurs opérant leurs déplacements avec une synchronisation parfaite. Le jeu avec des tabourets apporte une notre d'humour et l'effet plastique du ballet est indéniable ; les attitudes sont modernistes, mais les influences du ballet traditionnel sont manifestes dans le soin apporté à la mise en place des mouvements d'ensemble. Les pièces de John Cage qui constituent la troisième partie sont le prétexte à de beaux moments rêveurs et poétiques.

Ramifications sert de support au solo de Marlúcia do Amaral. Son costume conçu par Thomas Ziegler évoque un insecte, et cette impression est renforcée par la musique bruissante des cordes. Les attitudes parfois fluides, parfois saccadées, l'utilisation presque outrée des pointes, la contrainte imposée au corps par des postures «en dedans» permettent de nous communiquer divers sentiments, la colère, l'assurance, et finalement symbolisent la lutte qui aboutit à la mort.

A vrai dire, c'est bien la pièce que nous avons préférée, car la chorégraphie de la symphonie Reformation de Mendelssohn souffre de certaines longueurs. Dans cette partie du spectacle on ne comprend pas toujours l'adéquation qu'il devrait y avoir entre le sujet traité, apologie de la confession réformée, hommage à l'œuvre de Bach, et son expression par le corps de ballet. Ce type de danse néoclassique convient peut-être à des pièces plus courtes où tout peut être exprimé d'une manière plus elliptique et avec un certain recul. Faire du neuf avec du vieux, ou réaliser «la réparation des vieux bateaux» comme disait Stravinsky, nécessite sans doute encore plus de distanciation. Même les moments légèrement cocasses de cette interprétation, comme ceux où apparaît un danseur isolé tremblant sur le devant de la scène, ne sont pas parfaitement intégrés à l'ensemble du propos.

Malgré les réserves que l'on peut émettre à propos de cette partie du spectacle, la soirée est plus que plaisante. Cette compagnie n'a jamais caché ses options néoclassiques et son style n'est donc pas une surprise. Ses tournées en Europe sont fort appréciées, car les danseurs s'engagent à fond dans l'interprétation des ballets, avec une technique impeccable, et ils forment une troupe impressionnante par son homogénéité. sait mêler un lyrisme évident à la plasticité des mouvements, ce qui est finalement l'essentiel.

Crédit photographique : © Gert Weigelt

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