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Vadim Repin & Itamar Golan : Non multa sed multum

Le public était venu applaudir un virtuose, il a applaudit ce soir un musicien. Deux musiciens. et son fidèle partenaire, , au Théâtre des Champs Elysées. Si son âge l'inscrit dans l'une des générations les plus abondamment médiatiques, la profondeur, l'intériorité et la prestance hiératique du violoniste sont d'une autre époque. Celle où l'on donne du temps au temps.

Le temps de s'approprier un répertoire au point de le jouer par cœur quand le récital, même le plus prestigieux, ne l'impose pas. C'est le cas des sonates de Debussy et Beethoven. Pour la première, l'allégeance de la technique à l'esprit de la musique est en accord parfait. Repin lui donne la flexibilité, la transparence et la sonorité charnue mais vaporeuse du ravissement qu'elle exige. L'accompagnement toujours à l'affût, s'est calqué sur les visions du violoniste, apportant une personnalité unique à ce duo.

Le Divertimento de Stravinsky poursuit l'enthousiasme de Debussy et donne aux protagonistes de nombreux défis techniques. Destinée à la danse dans sa première version, hommage à Tchaïkovski, cette partition virtuose et pittoresque est arrangée par le compositeur lui- même en 1932. Sa verve rythmique fait naître chez les deux complices une émulation festive. Tour à tour d'un classicisme sobre, d'une agilité incisive ou puissamment lyrique, c'est quand le violon s'oublie qu'il atteint des sommets. Dans cette dimension de la musique où l'on s'entend penser «c'est ça».

C'est ce que Beethoven a déclenché, d'ailleurs, sans concession. Après la pause, s'ouvre un autre monde. L'expressivité se fait plus intérieure, plus troublante. Face à une communion aussi intime avec la musique, on se sent presque voyeur. Captif d'un phrasé lumineux et d'une fragilité sous-latente, on se laisse émerveiller par la force de proposition du violoniste. D'une intensité affective émouvante, il donne à ces pages une pureté d'un autre âge. L'énergie primordiale du piano, robuste et instinctive, stimule un violon franc et raffiné. Leur complicité leur accorde la liberté imaginative pour parachever une œuvre admirablement structurée et chatoyante.

Et s'il n'y avait eu en bis quelques offrandes-surprises (Tchaïkovski Valse-Scherzo, .. ) pour nous remémorer la virtuosité souveraine au naturel éblouissant de , cela ne nous aurait même pas manqué…

Dernier concert d'Itamar Golan avec Janine Jansen au Festival de Saint- Denis en juin 2008.

Crédit photographique : © Kasskara – DGG

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