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Ludovico Einaudi, le poète pseudo-romantique sans paroles


La popularité du pianiste et compositeur demeure marginale en France, ce n'est qui n'est pas le cas de l'Italie où il passe pour un véritable phénomène. D'ailleurs, aux trois concerts donnés par le maestro à Paris à l'Européen, nombreux étaient ses fans transalpins venus savourer ses mélodies intimistes et envoûtantes. Compositeur de musiques de films (Le prix du désir, This is England…) et de publicités, Einaudi a aussi enregistré plusieurs albums de musique pour piano seul (Una mattina, Le Onde, Divinere…).

Classique, jazz, variété… Difficile de qualifier son style, tant il nous laisse avec cette impression d'avoir déjà tout entendu quelque part… On n'est pas loin du monde sonore de Glass, Nyman et même Tiersen, mais les harmonies colorées et le sentimentalisme de beaucoup de ses mélodies le rapprochent davantage de la variété italienne. Explorant les limbes d'un univers sonore souvent intériorisé et mélancolique, sa technique de composition n'a rien dé révolutionnaire (quelques jolis arpèges, une suite de deux ou trois accords bien trouvés, des cellules rythmiques et mélodiques qui tournent en boucle et peinent à se renouveler…), mais son esthétique souvent fleur-bleue a de quoi séduire les oreilles des plus tendres. Par l'intensité de son jeu, Einaudi force l'auditeur à éprouver la tension dramatique qui parcourt inlassablement sa musique, comme s'il nous invitait au cœur d'un drame sentimental. Sa sincérité paraît totale, mais hormis quelques pages assez originales et marquantes (Nuvole bianche notamment), on ne peut s'empêcher d'y voir un vulgaire pseudo-romantisme recyclé, sans invention véritable. Son art de l'improvisation en revanche mérite d'être souligné, et en tant qu'interprète, Einaudi est un excellent pianiste. Son toucher limpide et sa grande expressivité font de lui le meilleur justicier pour sa musique.

Crédit photographique : © Pasquale Serini

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