David Fray est un des jeunes phénomènes français dont la renommée outrepasse déjà l'Hexagone. A seulement 27 ans, avec ce deuxième disque, il dépasse cette étiquette facile. Choix de cœur, choix d'artiste mature, quatre œuvres concertantes de Bach y sont abordées avec une fraîcheur et une révérence qui force l'admiration.
Accompagné par la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, formation dont la technicité baroqueuse l'emporte parfois sur la musicalité, le pianiste adopte une attitude chambriste* qui le fait briller en détail et non en force. Dans ce canevas où le piano manque parfois de nous échapper (prise de son discutable), le soliste s'impose par des interventions distinguées, pleines de charisme. Face à un accompagnement dynamique mais neutre et sans vibrato, il s'impose par une expressivité authentique et souriante. Avec un touché rebondi, un phrasé lumineux, étiré, soutenu (Larghetto du la majeur BWV 1055) et un lyrisme sans affectation (Adagio du fa mineur BWV 1056), c'est lui qui donne le ton. Il donne la vie. Il sème avec une maturité étonnante des seconds mouvements qui sont autant de moments suspendus.
Malgré une prise de son qui ne détaille pas assez les plans dans les tutti, on retiendra de ce disque la maturité, la clarté des idées musicales et la dévotion du soliste, clé de voûte de la rencontre. Il nous rappelle que même à ses heures sombres, Bach est toujours habité par la lumière.
* voir les séances de travail avec l'orchestre sur le DVD qui lui est consacré