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Aïda à Marseille, et pourtant tout était là…

Que dire quand on ne sait que dire ! Que dire de juste sur la musique sans paraître déconsidérer les musiciens ?

Et pourtant, après trois heures d’un massacre en règle systématique, on se prend à chercher ce qui pourrait être sauvé du carnage de cette soirée égypto-marseillaise.

Avec les chœurs, on peut même les estimer héroïques d’avoir pu suivre un chef visiblement dépassé, rattrapant ses musiciens, donnant des départs trop tard, laissant les pauvres trompettes et violons se débrouiller dans des entrées fausses, des retards rattrapés in extremis. Entre le flou et le rigide transformant l’opéra en une confusion chaotique, couvrant les chanteurs rendus inaudibles, car dominés par une martialité confondant fortissimo et bruit, il devient dès lors difficile de parler de l’interprétation.

Si, lors de la première au Caire en 1871, l’œuvre monumentale s’est terminée par un ‘longue vie au Khédive’, c’est ici un soupir de soulagement qui recueillit le dernier souffle des deux amants. Du reste avec le duo d’Aïda et de son père, cet ultime instant rattrapa quelque peu la soirée par la finesse des voix désormais libérées de l’orchestre, dans un final peu commun chez Verdi, donnant par là une des clefs de lecture de toute l’œuvre, certes circonstancielle et quelque peu propagandiste, mais également parfaite illustration des passions de l’âme aristotéliciennes. Déclinaison de toutes les passions insufflées par le désir amoureux, Aïda recèle bien plus de finesse que ce que nous a livré ce soir le chef égyptien. Aïda et Marseille méritaient mieux. La distribution annonçait pourtant ce mieux.

Crédit photographique : © Christian Dresse

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