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La féerie d’une nuit

Avec Britten, il faut toujours accepter de se laisser surprendre. La matière même de ses opéras se prête aux plus larges interprétations scéniques.

Le songe d'une nuit d'été apparaît peut-être plus que toute autre pièce de Britten ouverte à l'imagination du metteur en scène. Et n'hésitons pas à dire que le public toulonnais a été particulièrement bien servi par un excellent quatuor : , un des plus fins connaisseurs de Britten (n'oublions pas qu'il a dirigé la création mondiale de Mort à Venise) ; Jean Louis Martinoty qui en cherchant à pénétrer l'approche shakespearienne de Britten, a su se dégager des emprises du temps pour livrer la substantifique mœlle de l'intention du compositeur anglais, aidé en cela par l'expérience de celui qui créa une partie des décors de Disneyland Paris, , et l'imagination débordante de pour les costumes. Il n'en fallait pas moins/plus pour plonger la salle au cœur du rêve introduisant le spectateur dans la confusion du songe, des mondes, des histoires et le laissant finalement seul au réveil face à sa propre réalité.

Jamais le public n'est forcé dans sa propre interprétation du rêve. Agréable moment de détente servi par le jeu brillant des rustiques campant un comique de situation et de personnage qui sut faire rire le public, sans le tirer pour autant du songe. À ce jeu là Paterson dans le rôle de Bottom fut particulièrement excellent. De belles voix s'harmonisant agréablement, à la fois claires et précises, pour les humains également. Marjorie Muray en grande forme ne se contenta pas seulement de charmer et Jean Sébastien Bou ! La belle voix chaude et claire de Démétrius pouvait toutefois manquer parfois de puissance dans les graves et de ce fait être légèrement couverte par l'orchestre. Mené par un connaisseur incontestable ce dernier quoique relativement homogène trahissait toutefois un déséquilibre entre les cuivres peu clairs et visiblement peu à l'aise dans les simples détachés de triolet noire, et les violons très « féériques ». Quelques décalages de départ sur le chœur entre les fées et l'orchestre et le salut presque criard de ces dernières n'en dénotaient que davantage. Déception cependant plus affirmée pour la voix sans timbre et surtout sans portée de . D'une manière générale, les parties propres aux humains étaient de loin les plus musicales et les plus agréables, tandis qu'il faut bien reconnaître que les lumières, le décor et les costumes portaient davantage la féerie que ne sont parvenus à le faire Obéron, Tytania et les fées.

Crédit photographique : © Frédéric Stéphan

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