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Viktoria Mullova & Yakov Kreizberg, le froid et le chaud

Après avoir été accueilli par une ouverture de Dvořák festive et colorée, le public était soumis à un étonnant contraste «thermique» entre les deux parties du concert. Cette disparité ne tenait pas aux œuvres choisies, même si le Concerto pour violon n° 2 de Prokofiev est beaucoup plus sobre que la Symphonie n° 2 de Rachmaninov, mais plutôt à la personnalité des deux interprètes.

Dans Prokofiev, maîtrisait les difficultés techniques de cette œuvre exigeante, mais son interprétation donnait avant tout une impression de froideur, et s'avérait même assez décevante. D'une manière générale, la violoniste manquait d'expressivité, jusque dans son visage impassible, qui ne s'éclairait que dans la pièce de Bach donnée en bis. Le mouvement lent du concerto, en particulier, n'offrait pas l'effusion attendue. Mais on regrettait plus encore le défaut de rayonnement et de puissance de la sonorité. S'agissait-il d'un mauvais jour ? Ou bien d'une difficulté à revenir au répertoire moderne après sa conversion au jeu sur instrument d'époque, entreprise d'ailleurs couronnée de succès ? Dirigé avec sûreté, l'Orchestre National paraissait surtout attentif à ne pas couvrir la violoniste et, on avait le sentiment qu'il aurait pu donner une belle version intimiste de l'œuvre, si le dialogue avec la soliste avait été possible.

Dans la seconde partie, le réchauffement de l'atmosphère était manifeste : , de sa gestuelle ardente et saccadée, animait l'Orchestre National, qui retrouvait des couleurs et révélait d'excellents solistes. Chef et orchestre donnaient une interprétation vraiment remarquable de la Symphonie n° 2 de Rachmaninov, dont ils soulignaient les mélodies enveloppantes, et les subtilités d'orchestration sans se perdre dans les vastes développements de l'œuvre. La lecture de soutenait en effet le discours par des tempos rapides, quoique sans excès, et éclairait le texte avec une admirable clarté. Le public a chaleureusement salué cet artiste, que l'on peut espérer voir plus souvent à Paris, puisqu'il prendra en 2009 la direction de l'Orcheste Philharmonique de Monte-Carlo.

Crédit photographique : © Marco Borgreve

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