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Musique de Chambre sous les Ors de Campra

Quintette de l’Orchestre de l’Opéra de Toulon

Sous les ors du salon Campra, l’opéra de Toulon livrait ce soir un nouvel acte d’une agréable initiative. En accueillant dans le cadre chaleureux et plus intime de son superbe foyer, l’opéra poursuit son ouverture à la musique de chambre, encore peu représentée dans la région. Et il faut dire que le salon Campra se prête admirablement bien à une musique qui appelle, d’elle-même pourrait-on dire, une certaine connivence avec le public, plus proche physiquement et humainement. Solennité et chaleur nous ont plongés l’espace d’un instant dans l’ambiance des salons parisiens du XVIIIe ou du XIXe siècle. Le répertoire cependant, si l’on excepte Saint-Saëns, fut nettement plus contemporain. Conçue comme une soirée poétique, le programme se situe résolument dans la verve poétique romantique et post-romantique, sinon en terme de période historique, du moins dans l’expression mélodique des ‘poèmes’choisis. Si la soirée a su trouver son unité par ce programme, il faut reconnaître que les instruments ont eu du mal à rester accordés. Température de la salle ? Peut-être. Toujours est il que cela a quelque fois desservi la justesse de certaines interprétations. Même pour les plus grands musiciens, jouer avec d’autres n’est jamais aisé. Il faut se connaître, se découvrir et l’on sait que les meilleures interprétations sont les plus complices. Le jeune quintette composé des musiciens de l’orchestre de l’opéra, heureuse initiative de passionnés, tout comme les trios et duos interprétés lors de ce récital demandent peut-être à acquérir une certaine maturité dans le jeu d’ensemble. On sentait en effet encore, un jeu parfois individuel ou détaché, des entrées précipitées ou trop distinctes. Mais gageons qu’avec le temps, l’amitié et l’attention réciproque que l’on sentait chez les cinq musiciens, se transformeront en complicité de jeu pour donner aux soirées à venir davantage d’unité musicale et mieux mettre en relief, par exemple, l’agréable finesse d’Elisabeth Monterrain-Gouget à la flûte. Cet avenir prometteur ne semble pas un vœu pieux, à l’audition du dernier morceau effectivement uni, comme si les musiciens s’étaient enfin trouvés, comme s’ils avaient également rencontré le public dans ces derniers instants.

Crédit photographique : détail d’une cariatide de la façade de l’Opéra de Toulon-TPM © DR

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