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Smaïn, l’OSR et un Cygne à faire pleurer les pierres

Entre l'humoriste débridé des années quatre-vingt et l'acteur, Smaïn met à profit son talent de diseur pour se projeter avec souplesse dans ces historiettes pour la prime jeunesse.

Devant un parterre d'enfants bruyants et dissipés, il réussit peu à peu à imposer le silence et à captiver son auditoire. Fait d'autant plus remarquable, que le texte de L'Histoire du petit Tailleur date de 1939, donc use d'un langage aujourd'hui quelque peu démodé. La musique légère, inspirée par l'écriture des musiciens classiques de l'époque, s'intègre particulièrement au texte. Dans un déroulement musical et théâtral d'une trentaine de minutes, Smäin s'introduit splendidement dans le rythme de la musique qui ponctue ses interventions avec une précision diabolique. Cette parfaite complicité entre l'acteur et la petite dizaine de musiciens de l' dévoile un petit chef-d'œuvre superbement interprété, plein de couleurs et de nuances orchestrales.

Mais ce qui retient pourtant une plus grande attention est l'approche faite au célébrissime Carnaval des Animaux de . Réécrivant à sa sauce les textes d'introduction rendus célèbres par Francis Blanche, Smaïn use d'un langage actuel, emmenant son auditoire d'un animal à l'autre avec des interventions charmantes. Là encore, les musiciens de l' font merveille. On s'arrêtera plus particulièrement sur les deux petites minutes extrêmement sensibles consacrées aux Tortues, ainsi qu'à celles concernant L'Elephant. Mais, c'est avec la page la plus connue de l'œuvre de que l'émotion touche à son paroxysme. Avec un engagement artistique sans limite, le violoncelliste François Guye joue le Cygne avec une perception musicale à faire pleurer des pierres. Quel phrasé superbe, quel son, quel magnificence, quel violoncelle ! Le musicien habite son archet avec une intensité hors du commun. Trois minutes sublimées qui, à elles seules, justifient l'achat de cet enregistrement.

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