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Un feu d’artifice gâché par des pétards mouillés

On connaît bien l’histoire : afin de fêter de manière fastueuse le traité d’Aix-la-Chapelle signé en octobre 1748, le roi d’Angleterre George II prévoit pour le 27 avril 1749 un magnifique feu d’artifice, qui sera tiré des jardins de Green Park, accompagné par la musique de Haendel, le compositeur « officiel » du royaume.

On sait que cette musique connut un très grand succès car sa répétition générale publique, qui s’est tenue une semaine avant la date annoncée de l’évènement, rassembla plus de 10 000 personnes et causa de grands encombrements de la circulation dans Londres. Dans le cahier des charges, le roi voulait uniquement des instruments de plein air (vents et percussions), à cause de la nature même du spectacle (une célébration militaire) alors que le musicien, quant à lui, souhaitait vivement incorporer des cordes à l’effectif des musiciens. Après moult discussions, un compromis fut trouvé dans la mesure où le nombre d’instruments à vent employés a été certes très impressionnant (24 hautbois, 12 bassons, un contrebasson, 9 trompettes, 9 cors plus 3 paires de timbales) mais que finalement une quarantaine de cordes fut également mise à contribution.

L’affaire se déroula plutôt mal : l’énorme machine servant de support brûla partiellement et le feu d’artifice lui-même fut un échec : seules quelques fusées réussirent à partir ! La musique ayant été jouée avant le lancement desdites fusées, l’affaire s’acheva donc de piètre manière.

La musique de Haendel est bien écrite, efficace et très facile d’accès : les cinq mouvements qu’elle comprend, une Ouverture et quatre danses, sont très connus et bénéficient ici d’une remarquable interprétation de l’ensemble italien Zefiro, jouant sur instruments anciens. Pendant longtemps, les cuivres « naturels » ont été des catastrophes sonores et ont gâché de très nombreux enregistrements, même chez les plus grands (Harnoncourt ou Leonhardt). Ici, il faut bien le souligner, rien de tel : ils sont justes et c’est un véritable régal de les écouter. L’habituel complément de programme des Royal Fireworks est constitué des trois Concerti a due cori qui sont un arrangement effectué par Haendel lui-même de passages choraux issus de ses opéras et oratorios. Même si l’auditeur prend plaisir à reconnaître certains chœurs du Messie, l’ensemble est plutôt ennuyeux, le passage des voix aux instruments s’effectuant assez laborieusement.

En conclusion, ce disque vaut surtout pour ses cinq premières plages, les dix-neuf autres étant réservées aux inconditionnels et/ou aux collectionneurs, le mélomane de base – y compris le rédacteur de ces lignes – n’y trouvant pas son compte. Pétard mouillé, cet album.

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