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Les Choros par John Neschling à Sao Paulo, une somme indispensable

Ce nouveau volume des Choros de l’Indien blanc nous emmène encore plus loin dans le voyage symphonique au cœur de l’univers chatoyant et coloré du grand Villa-Lobos. Composées au cours de la décennie 1920, ces partitions sont une symbiose d’une orchestration luxuriante et d’une volonté moderniste du compositeur qui n’hésite pas à convoquer des instrumentariums rares et des percussions exotiques.

Partition la plus connue, et c’est très relatif du cycle, le choros n°10 est une aventure sonore dans la forêt d’Amazonie. Cette musique au pouvoir de séduction immédiat est intense avec son alternance de passages puissamment scandés et de musique de grands espaces tandis que l’énergie qui s’en dégage est irradiante et communicative. D’une durée de près de quarante minutes, le choros n°12, est avec le choros n°11, le plus long de la série, il se présente comme une longue rhapsodie tantôt sauvage, tantôt délicate. Le côté rauque et barbare est très présent au long du court choros n°3 pour ensemble à vents et chœur d’homme avec des scansions influencées par la littérature musicale indigène ; c’est le caractère dominant d’une époque qui voyait les «modernes» brésiliens, sous la houlette de l’homme de lettre Mário de Andrade, chercher une route d’avant-garde qui ne cite pas l’Europe mais qui se voulait en rupture avec le passé. Il en va de même, mais pour deux instruments, dans le choros n°2 dédié à ce même Andrade.

En introduction du cycle vient sa conclusion ! En effet, l’introduction aux choros fut composée par l’artiste au terme de l’écriture du cycle en 1929. Ce qui montre à quel point ce cycle est conçu comme un tout. Comme l’écrit Pierre Vidal : «les choros secrètent leur propre logique. Avec la diversité du matériau qu’ils véhiculent, leur harmonie originale, leur polyrythmie et leur virtuosité instrumentale, ils représentent Villa-Lobos au sommet de ses audaces des années vingt et ont été considérés comme l’apport le plus important du Brésil à la musique du vingtième siècle».

Techniquement, ce disque bénéficie de l’apport enragé de l’Orchestre Symphonique d’Etat de São Paulo qui en terme de richesse des timbres et de fini instrumental n’a rien à envier aux grandes phalanges européennes sous une baguette qui allie l’énergie et la précision. La prise de son «Bis» est encore un atout pour ce disque, étape d’une somme réellement indispensable.

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