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Un Richard Strauss flambloyant

Né deux ans après le Français Claude Debussy, l'Allemand aurait pu être classé comme son aîné dans la catégorie des compositeurs dits « modernes », d'autant plus qu'il lui a survécu une bonne trentaine d'années. Mais la postérité, ainsi que bon nombre de commentateurs, en a jugé que non et pour toujours, disons pour l'instant, il fait partie de la phalange des musiciens appelés post-romantiques.

Achevé en 1886, Burleske est un mouvement concertant pour piano et orchestre dans lequel Strauss, qui n'avait que vingt-deux ans, a mis tout ce qu'il avait envie de proposer à son soliste comme passages techniquement ardus, sans se limiter d'aune manière. La virevoltante partie de piano, destinée à l'origine à Hans von Bülow, est donc redoutable, si redoutable que ce dernier déclara d'ailleurs forfait, la jugeant injouable. Mais elle ne l'est en fait que pour des musiciens ayant des mains aux formats réduits car depuis plus de cent ans, d'autres pianistes, ayant quant à eux des pattes plus larges, s'y sont frottés avec succès. L'œuvre, d'un seul tenant, est peu jouée et enregistrée mais elle ne laisse pas indifférent : on y trouve tour à tour de plaisantes influences brahmsiennes, lisztiennes ou wagnériennes qui montrent de quelle façon la leçon de ces compositeurs a été intégrée au propre langage musical de Strauss qui se révéla d'ailleurs avoir été lui aussi un fabuleux orchestrateur. Une douzaine d'année plus tard, en 1898, Strauss achève une période pendant laquelle il a beaucoup écrit pour l'orchestre, sous la forme de poèmes symphoniques. Le dernier d'entre eux, Ein Heldenleben (Une vie de héros), constitué de six parties, passe donc trois quarts d'heure à évoquer un Héros (Strauss lui-même en fait), sa bien-aimée, ses adversaires, ses combats, … Bref, une thématique bien classique pour un (post) romantique qui se respecte.

Deux possibilités s'offrent à vous. Soit vous êtes familier de longue date de la musique de Strauss que vous avez écoutée dans des interprétations bien germaniques (dans le mauvais sens du terme, disons à la « Karajan »), soit vous ne vous y êtes jamais intéressé, trouvant que le Prologue de Zarathoustra avait suffisamment causé de dégâts comme cela et qu'il n'était nullement la peine d'aller voir plus loin de quoi il retournait. Et bien cet album risque de vous scotcher sur votre siège, que vous apparteniez à la première ou à la seconde catégorie. Orchestre lumineux et jamais lourd, sonorités rondes et limpides, dynamiques et tempis agressifs : cette musique ne peut pas vous laisser indifférent. Il faut dire que les interprètes sont tout bonnement excellent : la pianiste domine son Burleske du bout de des dix doigts et l', sous la direction très juvénile de , est splendide. Les 67 minutes de cet enregistrement passent vraiment très très vite, tout s'enchaîne parfaitement.

Pour commencer 2009, un peu de Strauss, donc, mais pas du Johann, du Richard !

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