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Ainsi parlait Rojdestvensky

L’Orchestre Philharmonique de Radio-France est soudé, présent et appliqué comme dans les occasions exceptionnelles. En effet, le remplaçant ce soir de Mikko Frank, 29 ans, n’est autre que Guennadi Rojdestvensky. Le dernier des grands chefs de l’ère soviétique prend aujourd’hui les rennes d’un programme romantique avec un enthousiasme de jeune homme.

De sa gestuelle économe, précise, le chef tire le meilleur de l’orchestre. Une sonorité pleine et soutenue, des violons saisissants de pathos et des cuivres épanouis font les belles heures de Wagner. La pureté des lignes mélodiques et la transparence de la construction rendent savoureux les traits les plus foisonnants. Rien ne se perd des apothéoses, des tensions dramatiques, du lyrisme auquel on accorde le temps. Même le tempo très large pris dans l’ouverture de Tannhäuser et qui aurait pu démanteler le phrasé, n’a pas manqué de solennité. Comme une volonté de dilater l’instant et de rechercher cette amplitude sonore de l’harmonie typique de l’école russe. Un effet qui n’a peut-être pas aussi bien pris avec le Philharmonique mais qui ne tente rien, …

De la symphonie de Franck, œuvre trop rare, le chef donne aussi une version très aboutie. Un déchaînement ordonné de passion, d’exaltation et de puissance où la densité n’obscurcit jamais le propos. Les cordes ne perdent rien de leur tempérament, ni les premiers violons de leur poésie mais les vents sont toujours timides musicalement. Guidés pas une baguette qui écoute avant de diriger, les cuivres se laissent toutefois aller aux grands effets «organiques» qui aboutissent à ce qu’ils avaient fait entrevoir dans Wagner : la majesté.

A son meilleur, le maître nous a emmenés ce soir sur les cimes du romantisme.

Crédit photographique : Guennadi Rojdestvensky © Jialiang Gao

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