- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Un des meilleurs quatuors à cordes actuels dans du Jongen

À plusieurs reprises nous avons eu l'occasion d'évoquer sur ces pages la belle figure musicale belge qu'est (1873-1953), auparavant fort négligé au disque, mais qui, depuis 2003, a connu un regain d'intérêt bien mérité mais qui n'aurait jamais dû attendre l'une ou l'autre commémoration anniversaire (tapez «Jongen» dans le moteur de recherche de ResMusica, les références discographiques aujourd'hui ne manquent pas).

Ce musicien, l'un des plus purs que la Belgique ait connu, a composé quatre quatuors à cordes dont un inachevé, et le , formé de quatre talentueux musiciens issus de l'Orchestre Philharmonique de Liège, étaient bien placés pour en assurer en première mondiale l'intégrale sur disque, hormis le Quatuor inachevé. Ces excellents instrumentistes nous avait déjà offert un superbe CD comprenant les Quatuors n°1 et n°2 (Pavane ADW7483) ; avec le présent enregistrement, tout aussi remarquable, ils achèvent l'intégrale par l'imposant Quatuor n°3, complétée pour faire bonne mesure par les deux ravissantes Sérénades, également pour quatuor à cordes.

Précisons d'emblée que ces deux disques de l'ensemble des trois Quatuors n'envisagent pas l'intégrale des œuvres pour quatuor à cordes : il y manque bien sûr le Quatuor à cordes inachevé op. 2 (1893), mais aussi une Fugue (1895), Deux Esquisses op. 97 (1933) et Prélude et Chaconne op. 101 (1934).

Le Quatuor à cordes n°3 en ré majeur op. 67 (1921), dédié à Florent Schmitt, fut créé le 15 février 1923 par le légendaire Quatuor Pro Arte. De structure classique en quatre mouvements, il suit l'ordre des mouvements de celui de César Franck – lui aussi en ré majeur – avec le Scherzo placé en deuxième position. Tout comme celle de Franck également, il s'agit d'une œuvre de vastes dimensions (quarante minutes) qui ne renie en rien la forme cyclique, tout en témoignant d'une écriture fluide et dépouillée, à l'élégance raffinée, véritable signature du maître liégeois.

Les Deux Sérénades op. 61 pour quatuor à cordes (1918) furent écrites durant la Grande Guerre alors que et les siens étaient en exil en Angleterre. Comme pour exorciser ces pénibles moments, ces deux œuvres – Sérénade tendre et Sérénade dramatique – toutes deux de forme ternaire ABA', déploient un lyrisme particulièrement chantant, typiquement Jongen par ses tournures mélodiques et rythmiques.

Cet enregistrement nous permet d'approfondir plus encore l'œuvre de ce très grand musicien, et il faut savoir gré au – dont deux Chinois constituent l'âme : Hanxiang Gong et son épouse Yinlai Chen – d'avoir fait revivre ces trois pages essentielles en ces interprétations exhaustives offertes ici. Les membres de cet ensemble, d'une impeccable homogénéité et d'une remarquable justesse d'intonation, rappellent par leur jeu le légendaire Quatuor de Liège dont ils sont assurément les dignes successeurs.

Précisons que l'enregistrement a été réalisé à la Chapelle de Bolland dont l'acoustique rayonnante – l'une des meilleures de Belgique pour les petits ensembles – convient idéalement à ces pages merveilleuses.

(Visited 567 times, 1 visits today)