C'est à un théâtre visuel et musical que nous convie Joseph Nadj avec ce nouveau spectacle, baptisé Entracte.
Délaissant une veine narrative qui l'a fait connaître en France à la fin des années 80 avec Canard Pékinois, le chorégraphe hongrois additionne les belles images et les tableaux absurdes. Le spectacle réserve de très beaux moments de danse, du solo au quatuor, en passant par le duo et le trio. Les danseurs tentent d'occuper un espace compartimenté par des boîtes et des estrades de multiples dimensions. Ces compartiments, apparaissant d'abord comme une contrainte, prennent tout leur sens quand ils deviennent le support d'une création plastique qui utilise divers matériaux : peinture, pigment pur, pain de glace.
En choisissant de s'entourer de quatre interprètes de free jazz, entraînés par son compatriote Akosh Szlevényi, Joseph Nadj approfondit son travail sur les relations entre la danse et les musiques improvisées abordé dans un récent solo, Paysage après l'orage. Il ne se lance pas seul dans cette aventure, invitant trois de ses danseurs à se joindre à lui. Interprète torturé, Nadj s'immerge ici encore dans une sorte de rituel dans lequel communient danseurs et musiciens. Intriguant et somptueux.
Crédit photographique © Laurent Philippe