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Le Roi David remonte sur le trône ?

Le Roi David serait démodé et aurait disparu des salles de concert ? Allons donc, depuis 2007 et son interprétation avec succès au festival Classique au Vert à Paris, le psaume symphonique semble en passe de reconquérir son statut d'œuvre la plus populaire d'Honegger et de faire remonter le Roi David sur son trône. L'œuvre aura en effet été programmée au moins dix fois à travers l'Europe au cours de l'actuelle saison musicale, sans que cette activité s'explique par un quelconque anniversaire.

Comment expliquer ce relatif retour en grâce ? L'œuvre, disparate, dure à peine une heure et multiplie les atmosphères – on frise le zapping – ce qui n'est pas pour déplaire à l'homo internetus habitué à aller vite. Ainsi se succèdent des chœurs majestueux à la Bach (dont Frank Martin sut s'inspirer pour ses propres oratorios bibliques), des marches militaires, une incantation de sorcellerie, des prières et une imploration, une pénitence, une vision en gloire du temple de Salomon au coucher du soleil, et un lever de soleil final sur l'avenir du peuple juif… L'instrumentation originelle de 1921, retenue ce soir, avec un petit orchestre essentiellement composé de bois, de cuivres et de percussions, complété par un piano et un célesta, est acidulée avec une rusticité sonore qui correspond bien à l'évocation des temps bibliques.

Pour relier ces épisodes disparates, pas de récitatifs chantés mais un récitant. Ce qui s'avère le point faible de l'œuvre, à savoir le ton déclamatoire du récitant, a été ce soir son point fort. , chef du Chœur de Radio France, a obtenu de l'orchestre et du chœur la clarté, le tranchant et le sentiment requis, mais parmi les solistes seule avait une émission suffisante pour surmonter l'acoustique de Pleyel, qui est flatteuse pour les instruments mais difficile pour les voix, et se faire entendre jusque dans les balcons. en récitant «bénéficiait» d'une sonorisation de ses interventions, ce qui présentait le double handicap de renforcer l'impression que les solistes étaient peu audibles, et de créer une distance entre le comédien et le public. Wilms sut faire oublier tout cela grâce à une narration particulièrement évocatrice et habitée. Composant un personnage de mage à la sagesse éternelle, il transforma un texte au style archaïque quasiment en conte des mille et une nuits. Chapeau bas, ou en l'occurrence, couronne basse !

Crédit photographique : © Festival de Radio France et Montpellier

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