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Marco Polo de Marie-Claude Pietragalla : grandiloquent

Ballet presque exclusivement masculin, à l'exception du rôle de la dame blanche, incarnée par , Marco Polo a été taillé sur mesure par la chorégraphe pour son compagnon .

La chorégraphie réserve à cet excellent danseur des morceaux de choix où il enchaîne sauts, tours et ports de bras énergiques. Autour de lui, un corps de ballet de danseurs souples et félins issus du hip-hop, assure l'accompagnement de ce soliste privilégié. Scènes de guerre, combats inspirés des arts martiaux, galériens et danses rituelles se succèdent à grand renfort de fumigènes.

Découpé en deux parties, le spectacle est très librement inspiré du Livre des Merveilles de Marco Polo. Les deux chorégraphes en ont fait un conte futuriste, aidés en cela par des spécialistes de l'animation et de la vidéo. Story board et palette graphique transforment Marco Polo en héros de bande dessinée, à la Enki Billal. Couvert de bandages, Marco Polo se souvient de ce qu'il a vécu et revoit des bribes de son aventure passée, d'où émerge une figure récurrente : la dame blanche, qui permet à de surgir régulièrement des coulisses en agitant les manches pagodes de sa longue robe de mousseline.

Mais la qualité des danseurs et leur indéniable engagement physique ne suffisent pas à faire un ballet. La pauvreté du livret proposée par les deux chorégraphes n'est soutenue par aucune dramaturgie qui permettrait d'enchaîner les tableaux avec un minimum de vraisemblance. Le décor est uniquement assuré par les projections vidéos en fond de scène, sans le moindre décor additionnel, ce qui fait un peu juste pour une scène et une salle aussi vastes que celles du Palais des Congrès. Enfin, les parties chorégraphiées sont très similaires les unes aux autres, ce qui ne permet pas de les distinguer et rend le temps très long… Fort heureusement, les trois chanteurs, dont le répertoire italien, iranien et chinois évoquent tour à tour l'Occident, le Moyen-Orient et l'Extrême Orient, offrent quelques moments de beauté dans une partition musicale très confuse. Un grand spectacle qui, faute de moyens et d'ambitions intellectuelles, n'en est pas un.

Crédit photographique : © Pietragalla Compagnie

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