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Nicola Matteis par Hélène Schmitt : So british, mais à l’italienne

, musicienne espiègle et talentueuse nous emmène dans un jeu de séduction qui vous mène bien au-delà d'une partition. Jamais vraiment mise au-devant de la scène médiatique pour l'instant, tous les mélomanes qui ont entendu ses précédents enregistrements, restent médusés par son charisme énigmatique. Pour cette nouveauté discographique, elle donne tout et nous livre les partitions d'un maître subtil.

Mais qui est  ? En fait, nous n'en savons pas grand chose… musicien, professeur, compositeur, il meurt au début du XVIIIe siècle naissant, à la cour d'Angleterre. Avec un nom italien ? Et oui, il est l'un des rares à partir de la Péninsule à l'assaut de l'eldorado, il se met au service d'une cour royale qui promet tant. Ses partitions sont exhumées grâce à l'engouement médiatique de la musique baroque des années 80. A notre connaissance, il n'y a que le Palladian Ensemble qui les a gravées en 1996 chez le label Honest qui déjà a été une révélation musicale. Les subtilités techniques et harmonieuses sont une réponse évidente de cette période baroque. N'oublions pas que Naples est une des capitales européennes la plus cosmopolite et artistique du moment, notre compositeur en est intimement imprégné et donne une dimension si moderne qu'il en est déconcertant.

a su trouver le meilleur en référence instrumentale, du violoncelle baroque en appelant , Eric Bellocq au luth et Jörg-Andreas Bötticher au clavecin. a compris comment s'approprier cette substance musicale et la transcender. Avec toute sa fouge nous voici plongés littéralement dans un monde de subtilité, de retenue d'une grande élégance. Les phrasés deviennent des élocutions poétiques bien au-delà d'une exécution technique. Le sentiment artistique est bien amené, elle fait sonner son violon par un équilibre superbe passant d'un son flutté dans les aigus aux basses charnues comme on les aime sur la corde sol.

Le rythme et le temps sont la clef de voûte de ce disque, l'hommage rendu à Lewis Carroll en préambule du livret nous devient évident dès la première écoute. Un point d'honneur donne une touche ultime à l'élégance par un fragment d'un autoportrait d'Artemisia Gentileschi, femme-peintre si rare à cette époque. Une prise de son sans faille, nous rapproche de l'artiste dans ses respirations et ses intentions, nous incitant à applaudir cet enregistrement.

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