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Orchestre Symphonique Waseda au TCE

Samedi dernier au Théâtre des Champs-Elysées, l'Orchestre de la prestigieuse Université Waseda de Tokyo achevait sa tournée européenne, après des concerts dans les principales villes d'Allemagne et d'Autriche. Il fallait prendre le temps d'une ouverture d'Euryanthe sans grand relief pour s'accoutumer à une sonorité un peu mate à force d'être lissée. Ensuite, dans Une vie de héros, on admirait la précision et la cohésion de l'ensemble. Dans le même temps, l'interprétation, sans manquer de musicalité, laissait une impression de neutralité assez surprenante. C'est dire combien cette formation, exclusivement composée d'étudiants, obligeait à réexaminer ce qu'on attend d'un orchestre amateur. On serait plutôt enclin, en Europe, à pardonner d'éventuels défauts techniques au nom de l'engagement et de la fraîcheur. Pourtant, si l'Orchestre Waseda privilégie l'excellence instrumentale et le sérieux de l'exécution, doit-on l'en blâmer ? Quant au chef, , il ne fait certes pas sortir les jeunes musiciens de leurs gonds, mais il tient l'ensemble avec une efficacité indéniable. Sa sobriété aurait même certainement plu à Richard Strauss, dont on connaît le célèbre conseil : «Ne transpire pas en dirigeant». Surtout, l'Orchestre Waseda dispensait des phrasés élégants et une réelle beauté sonore, qui permettaient à la partition de déployer les fastes de son extraordinaire orchestration. La séquence finale, notamment, était très réussie : le dialogue entre les cors, très exposés dans cette œuvre, et l'excellent violon solo préfigurait la nostalgie des dernières œuvres de Strauss, cinquante ans plus tard.

L'Orchestre Waseda confirmait ses qualités dans la seconde partie, qui proposait deux pièces rarement entendues. L'arrangement de Bach par Schœnberg est tout à fait passionnant : à l'opposé des réalisations symphoniques chères aux orchestres américains, il éclaire la majestueuse polyphonie par le miroitement des couleurs orchestrales. L'emploi du célesta et l'utilisation des percussions comme instruments mélodiques correspondent parfaitement au concept de Klangfarbenmelodie (mélodie des timbres), forgé par Schœnberg.

Mono-Prism de (1976) s'apparente à un concerto pour tambours traditionnels japonais : l'orchestre, renforcé de diverses percussions et d'un piano, se contente de créer de menaçantes «rumeurs» entre les solos. C'est une œuvre brève mais assez intéressante par la manière dont elle mêle coups et sons. Elle offrait aux jeunes tambourineurs des interventions tout à fait spectaculaires, et à tous une ovation méritée.

Crédit photographique : Les tambours de l'Orchestre Waseda © DR

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