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Sofia Gubaidulina par Marcela Roggeri

, compositrice soviétique puis russe de la génération d'Alfred Schnittke, née entre les deux guerres, est beaucoup moins connue que ce dernier mais partage avec son confrère le fait d'avoir été souvent mis au ban des musiciens par le système soviétique puis de s'être installée en Allemagne au début des années quatre-vingt-dix. Assistante de Chostakovitch dans les années cinquante, ses premières œuvres bénéficient de bonnes critiques de la part du maître qui l'encourage alors à poursuivre dans la voie qu'elle s'est fixée. Quelques années plus tard, l'Argentine (révélation internationale aux Victoires de la Musique classique 2006) a choisi de regrouper sur un seul CD l'intégrale de l'œuvre pour piano de Goubaïdoulina qui totalise un peu moins d'une heure de musique.

Le style de la compositrice est assez semblable de celui de Schnittke (encore lui !) dans la mesure où son langage est assez tonal, tendance «plus qu'élargi», avec peut-être l'humour en moins et la vague sensation que parfois la créatrice ne sait pas trop où elle va (Bach, Schnittke, Art Tatum, Keith Jarrett ?). En effet, on perçoit dans ses œuvres des repères harmoniques assez réguliers qui seront plus ou moins brouillés au cours de leur développement. Quoi qu'il en soit, l'ensemble de ces partitions peut se diviser grosso modo en deux groupes : d'une part les pièces «sérieuses» et assez longues comme la Chaconne et la Sonate, et d'autre part celles que l'on pourrait ranger dans les morceaux plus «légers» et pédagogiques, comme les quinze numéros des Musical Toys ainsi que la Toccata-Troncata et l'Invention.

Par chance pour le chroniqueur, ce classement semble également fonctionner pour évoquer l'intérêt plus ou moins marqué des compositions. La grande force de Sofia Goubaïdoulina réside surtout dans ses pièces brèves qui, sans être novatrices, sont assez intéressantes et amusantes à écouter. Chacun des Musical Toys est pourvu d'un titre qui guide l'auditeur et le prend en main pour lui faire comprendre ce qui est évoqué. La référence à Bach est encore une fois très présente : l'Invention est une parodie de l'Invention en ré mineur BWV 775. Quant aux pièces plus longues, comme la Sonate, l'intérêt à tendance à s'émousser au fur et à mesure de leur progression car les mouvements participent plus du collage ou de l'amalgame de sections que d'une construction à long terme nettement perceptible.

Il est indéniable que s'est passionnée pour ce répertoire, jusqu'à présent indédit au disque en son intégralité.

Album mi-figue mi-raisin donc, qui donnera sans doute envie de suivre un peu plus loin et ailleurs cette compositrice russe dans des œuvres appartenant à d'autres genres et cette pianiste dans d'autres répertoires.

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