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Deux sœurs sémillantes

Les toutes premières mesures de l'Ouverture de Cosí fan tutte nous font craindre le pire. L'Orchestre de la Francophonie canadienne, malgré quelques accrocs, retrouve ses marques dès la première scène. Ce qu'il faut surtout retenir de cette production, c'est l'engagement des jeunes chanteurs de l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal, associés aux étudiants de l'École nationale de théâtre du Canada.

Il y a deux distributions. Nous nous en tiendrons à celle présentée à la première. D'emblée, c'est toute l'équipe qui nous fait vivre des moments délicieux et du bon théâtre. Une talentueuse Fiordiligi, tenue par , belle prestance sur scène, voix un peu verte pour un rôle aussi exigeant mais avec des qualités évidentes. La mezzo-soprano en Dorabella, campe un personnage certes plus extérieur, plus spontané sans doute parce que le rôle l'exige. Deux voix qui méritent toute notre attention. Chacune à sa façon habite son personnage avec subtilité et brio : complémentaires et complices en amour. Les deux jeunes femmes, sémillantes, pieds-nus au premier acte, ne sont pourtant pas interchangeables. On ne s'ennuie pas avec de tels partenaires. en Despina réussit avec ses mimiques voire quelques pitreries et sa gestuelle drolatique à faire rire le public.

Cela peut surprendre de voir un Don Alfonso tout jeune, sans maquillage pour le vieillir quelque peu. Mais l'habileté du baryton-basse nous convainc pleinement. est vocalement superbe dans le rôle de Guglielmo. Peut-on sans doute avoir quelque réticence sur la voix du ténor, frêle et nasillarde de en Ferrando.

Au lever de rideau, la scène d'escrime aurait pu servir de prélude au duel que livreront les deux jeunes amoureux opposés au vieux philosophe Don Alfonso. C'est la seule scène qui nous rappelle quelque peu l'époque de Mozart. Les costumes – les déguisements de Despina, et ceux portés par les faux Albanais – et les décors, tout nous plonge dans des lieux ludiques. Ce sont des clins d'œil, souvent originaux, qui agissent instantanément, telle la soupière qui descend du ciel, ou une table tenue par des câbles. Un rien habille la scène, mais ce sont les personnages qui donnent vie à cette comédie qui aurait pu être plus grinçante. Le parti pris du metteur en scène , est de ne faire apparaître que le visage réjoui de cet opera buffa. Nous ne percevons que la facette comique de cet échange de couples. Pourtant Cosí, malgré sa simplicité apparente a des dessous redoutables. à la tête de l'Orchestre de la Francophonie canadienne contribue à cette grande réussite.

Crédit photographique : (Fiordiligi), (Don Alfonso), (Dorabella) © Yves Renaud

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