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Sonates de Beethoven au pianoforte par Yoko Kaneko

L'intérêt pour le répertoire interprété sur pianoforte ne date pas d'hier. Les secrets de fabrication de cet ancêtre du piano moderne sont bien connus, et on crée désormais des copies de modèles anciens avec une précision mathématique, afin de recréer un monde sonore qui serait au plus près de celui du compositeur d'alors. Beethoven n'a pas connu le piano moderne. Dans ses jeunes années, il a joué sur différents pianofortes viennois. En 1818, l'anglais Broadwood lui envoie un de ses instruments (avec la mécanique anglaise de l'époque) qu'il garda jusqu'à la fin de sa vie. La composition de ses trente deux sonates s'échelonne de l'année 1794 à 1822. Les œuvres présentées ici sont celles du tournant de siècle (1797 à 1802), les années d'euphorie viennoise.

, disciple de Jos van Immerseel, ne manque pas d'enthousiasme, et montre dés l'opus 10 n°2 un jeu clair, brillant, et une articulation éloquente. L'auditeur familier du timbre et de l'interprétation de ce répertoire sur piano moderne sera peut-être dérangé par cette articulation parfois excessive, inhérente au mode de jeu du pianoforte. Néanmoins, la pianiste évite tout maniérisme, et dose savamment les rubatos, autre mode d'expression privilégié de cet instrument. Quoiqu'on pourrait lui reprocher un ajout d'effets (soufflets dans les lignes de main gauche, contrastes de nuances un peu exagérés), au détriment de variations entre les reprises, qui semblent souvent être jouées deux fois à l'identique. respecte scrupuleusement chaque nuance, mais manque peut-être d'un peu d'audace au niveau des couleurs dans le deuxième mouvement.

La pianiste parvient à éviter l'écueil d'une énonciation trop affectée dans la sonate «Au Clair de lune», où son jeu se caractérise par une grande sobriété. Le troisième mouvement quant à lui, ne manque pas de fulgurance.

Ce sont dans les deux sonates qui achèvent le disque que se révèle la plus inspirée. Cette dernière est plus à l'aise dans la sonate opus 27 n°1, se montre plus inventive, avec un jeu enlevé qui retranscrit bien l'esprit truculent de la fantaisie, et une expressivité croissante. La sonate opus 31 n°2 «La tempête» qui clôt ce disque, et sans doute le moment de musique le plus abouti. Ce sont bien des sonorités orchestrales que l'interprète nous fait entendre dans le fameux adagio ; les possibilités du timbre hétérogène du pianoforte sont sciemment utilisées. Le dernier mouvement est habité d'une effervescence, d'un souffle, tendu jusqu'à la dernière note.

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