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Saint-Saëns par un extraordinaire Mischa Maisky

Le programme présenté par l'Orchestre Philharmonique de Radio-France sous la direction de , a porté à l'honneur trois compositeurs français parmi les plus acclamés dont la filiation artistique en ligne directe est reconnue et évidente dans les œuvres exécutées.

Peu jouée et probablement moins connue par le grand public l'ouverture de Benvenuto Cellini inspiré de la vie du maître ciseleur de la Renaissance italienne, met en avant la prodigieuse invention mélodique d'. Le catalogue de différents thèmes exposés par l'orchestre s'alternent à des entrées instrumentales inattendues, des coupures imprévisibles, des modulations fascinantes qui montrent la veine artistique du compositeur et sa maîtrise de l'orchestration. Cette ouverture a été le prélude excellent au moment le plus attendu de la soirée : le Concerto pour violoncelle de joué par un extraordinaire .

Chevelure longue, costume extravagant, bijoux bien en vue sont les traits caractéristiques de cet artiste à l'apparence bohémienne. Doué d'un rare talent musical Misha Maisky s'est produit dans un concerto qui s'inscrit parmi les classiques de l'instrument. Bâti en un seul mouvement assez bref, il définit les multiples possibilités sonores et en même temps les nombreuses difficultés de cet instrument. Dépassant l'habituelle introduction de l'orchestre, le violoncelle fait irruption avec un thème en tourbillon contrastant avec le cantabile successif qui a permis au violoncelliste russe de mettre en avant toute son autorité de virtuose et son esprit «romantique». Enchainant la fougue et la grâce sur toute l'étendue sonore du violoncelle, Maisky a surmonté avec son génie toutes les difficultés techniques de ce concerto. La forte sollicitation des doigts, les coups rapides de l'archet, les nombreux trilles enchainés, le changement de registre et de nuances n'ont été qu'un moyen pour mettre en évidence sa maîtrise sans égale de l'instrument.

Après l'excellente performance du violoncelliste russe on ne saurait pas imaginer un autre moment de musique si sublime. L'orchestration de Ravel de l'œuvre de Moussorgski Tableaux d'une exposition a entraîné le public dans une délirante tempête sonore. Cette œuvre, avec les nombreuses références picturales, exige sans doute la palette de nuances et de couleurs que seul un grand orchestre peut offrir. Impérieux, convulsif, «intensément russe», l'Orchestre Philarmonique de Radio France s'est imposé avec une interprétation de grande classe. Les différents tableaux, réunis par la Promenade qui revient toujours et qui lie mélodiquement toute l'œuvre, apparaît à chaque fois dans des coloris différents exaltant les solistes de l'orchestre. La direction de Chung a su saisir le sens du caractéristique très prononcé et les situations bizarres des scènes de la vie quotidienne dont Moussorgski s'était inspiré d'après les tableaux d'Hartmann. Les deux esquisses finales La cabane de Baba-Yaga et la Grande Porte de Kiev convoquant toute la puissance de l'orchestre ont souligné la capacité de Chung à hisser le Philarmonique de Radio-France à un niveau artistique très élevé.

Crédit photographique : Misha Maisky © Alix Laveau

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