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Missa Solemnis athlétique par Kurt Masur

Dans sa collection référence, le label Berlin Classics propose des rééditions historiques. En quoi cette Missa Solemnis, parue en 1973, peut-elle rivaliser avec une discographie généreuse et dominée pour les romantiques par un Karajan multirécidiviste ? Cherchons ce qui justifie cet honneur.

Tout d'abord une prise de son qui reste extraordinairement claire, évitant toute saturation, et faisant naître des contrastes dynamiques fulgurants. Puis la direction de , qui est pleine d'énergie et de fougue. Il embrase littéralement chœur, orchestre et solistes dans un voyage vertigineux plein de fureur, d'audace et d'aventures. Tous les détails sont soulignés, intégrés dans un élan irrésistiblement séduisant. Car ce n'est pas un moindre succès que de rendre enthousiasmante une partition connue et qui a toujours eu les faveurs du public. Prenant la mesure de la puissance des forces réunies sous ses ordres, déclenche une jubilation solennelle que rien ne semble pouvoir refréner. Les chœurs de la radio de Leipzig sont majestueux et pourtant précis, capables de vélocité, et osent des dynamiques surhumaines. Le credo est véritablement démesuré dans son audace. Le quatuor de solistes vocaux est plein de la même recherche de nuances. La voix d'Anna Tomowa- Sintow, alors au début de sa carrière de soprano, garde de son premier mezzo une opulence inhabituelle dans le medium et le grave, faisant ressortir la lumière d'aigus irréels. L'entrée de la soprano sur sa longue note filée dans le Kyrie apporte la lumière et le rêve attendus. Puis, les moments requérants de la puissance ne la laissent jamais dépourvue de réserves. Annelis Burmeister, grand mezzo héroïque, arrive à nuancer sa partie avec art. Elle ne démérite pas, sans pourtant arriver à la même rareté de timbre que la soprano Bulgare. est en pleine possession d'une voix encore lumineuse et radieuse sans ce grand vibrato qui suivra. La basse d'Hermann Christian Polster, bien que possédant des moyens considérables, ne peut rivaliser avec les splendeurs sonores des autres voix, mais quelle présence ! Dans le benedictus, le violon charnu de Gerhard Bosse distille des sonorités rondes et pleines. Avec les quatre solistes, ils arrivent à construire un hédonisme rare. Le début de l'agnus dei est méditatif, préparant un quatuor vocal fervent, tandis que les nuances du chœur fascinent. Tout du long l'orchestre est ductile épousant toutes les inflexions d'un léonin.

Une version tumultueuse et grandiose, portée par des interprètes aux mieux de leurs possibilités. Faire choix de cette version est une belle idée qui ne peut qu'apporter de l'enthousiasme à l'auditeur.

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