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Joseph Marx, l’ensorceleur ?

Le label allemand CPO explore avec célérité et compétence les moindres recoins de la musique des pays germaniques. Ce nouveau disque propose une découverte des poèmes symphoniques de . Cette musique, d'un compositeur né à Graz, s'inscrit dans une veine postromantique à l'orchestration somptueuse.

En plus de ses activités créatrices, Marx fut une figure officielle de la musique en Autriche. Fondateur et recteur de l'Ecole supérieure de musique de Vienne, l'artiste était le chef de file de la musique tonale en Autriche. Démis de ses fonctions par les nazis, il occupa, après la seconde guerre mondiale, des postes centraux qui lui permirent de s'activer dans la reconstruction de la vie musicale autrichienne. Représentant de son pays dans des jurys internationaux, il œuvra activement à la reconnaissance des compositeurs exilés. Mais par sa position centrale dans la vie musicale autrichienne à une époque de luttes enragées entre «modernistes» et «conservateurs», Marx se fit de nombreux ennemis. Par ailleurs, il était souvent confondu avec son homonyme Karl Marx, compositeur également originaire de la capitale de Styrie, et auteur de partitions de circonstances pour les nazis. Après sa mort, fut considéré avec beaucoup de méfiance et de circonspection. Ainsi, le prix de composition du land de Styrie qui portait son nom depuis 1947 fut rebaptisé. Profonde injustice pour un compositeur qui a eu la malchance d'être du mauvais côté stylistique à une époque d'expérimentations radicales. C'est tout l'intérêt de cet album qui présente trois poèmes symphoniques écrits entre 1925 et 1946.

Fasciné, dès son plus jeune âge, par la magie de la nature qu'il parcourait dans sa Styrie natale ou dans des domaines familiaux italiens, Marx écrit une musique au romantisme lumineux et songeur avec un côté rêveur et nostalgique ; un peu dans la lignée d'un Schreker ou d'un Korngold. Ces trois partitions enregistrées manifestent une orchestration élancée et suggestive. De près d'une demi-heure, Feste im Herbst, ultime création du compositeur, agit comme un testament artistique dédié à la nature.

Le compétent construit une interprétation soignée et attentive qui met bien en avant la richesse de l'orchestration. Il s'appuie sur un orchestre de la radio de Vienne attentionné mais un peu rugueux dans ses timbres et étriqué dans ses dynamiques. Ce sont les sortilèges des Wiener Philharmoniker qu'il faudrait ici !

Ce beau disque est un apport intéressant à la discographie. Sans toucher au chef-d'œuvre absolu, cet art de composer à la maîtrise indéniable sait flatter les oreilles et toucher les auditeurs.

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