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La rhétorique de Buxtehude expliquée en long et en large

Nous avons reçu cet album avec beaucoup d’excitation, pensant qu’il s’agissait d’un triple DVD consacré à la noble cause de Buxtehude et l’interprétation de sa musique d’orgue. La présentation, en coffret allongé type DVD, nous y fit songer de prime abord. En fait, non : il s’agit de trois CDs, dont les deux premiers sont des disques de commentaires très fouillés et documentés sur ce grand auteur du baroque allemand. Malheureusement pour nous, ce discours est en langue anglo-saxonne, ce qui le rend un peu ardu, même pour des mélomanes avertis de termes techniques, indispensables à connaître pour bien suivre le déroulement des cours. La solution du DVD aurait permis le sous-titrage multilingue, ici impossible.

Mais bon, ne boudons pas notre plaisir. Car le travail présenté est d’excellente veine, et finalement bien relayé par un riche livret qui nous aide à nous y retrouver. Le troisième CD propose (enfin) de larges extraits d’œuvres du maître de Lübeck, enregistrés par Leon Couch sur un orgue construit en 2005 par l’atelier Taylor & Body, qui s’est depuis longtemps distingué aux États-Unis en matière de facture ancienne. Venus étudier en Europe sur nos vieux orgues historiques, les facteurs ont su s’inspirer harmonieusement de ces modèles et créer chez eux des instruments tout à fait remarquables. Du coup, plus besoin de traverser l’Atlantique. Les démonstrations de jeux, de tempéraments anciens ou de technique de claviers, peuvent être dissertées à l’identique.

Cela est formidable et montre une nouvelle fois combien la facture d’orgue a su évoluer dans le monde entier depuis cinquante ans, et se recentrer sur des écoles de facture essentielles. L’orgue du Goschen College, dans l’Indiana, répond à ces critères, et l’organiste l’utilise en se référant aux textes anciens, à la manière de mélanger les registres, si différente de ce que sera la musique de Bach par la suite. Les sonorités sont prenantes et, à s’y méprendre, aussi belles que celles des orgues du XVIIe siècle. L’art du discours est ici largement développé – c’est le cas de le dire – et permettra à la fois aux organistes de jouer Buxtehude en meilleure connaissance de cause, et aux mélomanes de mieux connaître les secrets de sa musique. C’est sans aucun doute un excellent outil éducatif, également très utile pour parfaire son américain.

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