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Mon bel ennui !

Quel étrange personnage que celui d' ! Il demeurera à jamais dans l'histoire de la musique pour ses seize mélodies (plus un duo baryton / soprano, «La Fuite») qui sont seize merveilles de fusion absolue entre le texte et la musique. Et pourtant… La vie de Duparc ne fut pas simple. Né dans une famille aisée, il peut se consacrer à la composition, même si cette discipline s'avère déjà être une souffrance. Composées dans la douleur (de 1874 à 1885) les seize mélodies de Duparc sont autant de mini-scènes dramatiques, «opéras-minute» avant l'heure. Atteint de ce que l'on nommait à l'époque de «maladie nerveuse» et qu'on qualifierait de nos jours de troubles mentaux, Duparc cessa de composer en 1885 pour s'éteindre en… 1933, après avoir détruit nombre de pages. Son seul élève, l'amiral compositeur Jean Cras (1879-1932), qu'il appelait affectueusement «le fils de mon âme», sera comme le prolongateur de la sensibilité de son Maître.

C'est dire à quel sommet musical s'attaque dans ce disque la mezzo-soprano  ! Remarquée en 2008, lorsqu'elle fut lauréate du «Concours International Reine Elisabeth de Belgique», elle nous entraîne pourtant sur une fausse route, se perdant dans les méandres compliqués de cette musique. De prime abord, son timbre capiteux séduit. Puis, très vite, l'ennui s'installe, chaque page devenant un «copier-coller» de la précédente. La tâche est rude dans cette poignée de mélodies et la jeune chanteuse ne parvient pas à capter l'attention. De plus, pour qui connaît déjà ces œuvres, l'écoute ne sera pas trop distraite par la diction aléatoire (comme bien des mezzo-sopranos…) de . Mais songeons un instant à l'auditeur profane qui découvre ces seize merveilles, et qui pourrait se croire confronté à un cycle de mélodie chantées en finnois ou en serbo-croate…

est jeune, elle possède les couleurs et la texture d'une voix d'opéra : laissons-lui le temps et nous serons certainement surpris !

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