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L’opéra du gueux de Britten

Exactement 200 ans avant Die Dreigroschenoper de Berthold Brecht et Kurt Weill était créé son ancêtre, The Beggar's opera (L'opéra du gueux), «a ballad opera», équivalent outre-manche du vaudeville parisien, pièce de théâtre avec de grandes parties chantées.

Brecht n'a pas changé grand-chose de la version originale de  : Peachum désapprouve la liaison de sa fille Polly avec le bandit Macheath et fait en sorte que ce dernier soit arrêté. En prison, le passé de Macheath le rattrape en la personne de Lucy, la fille du geôlier, qu'il a quittée pour Polly. Imbroglios et quiproquos se succèdent, Macheath s'évade, se refait capturer, et promis à une pendaison certaine, il en réchappe en dernière minute par l'intervention d'un invisible Deus ex machina.

Britten reprend le matériau de base de (qui a écrit le texte et les mélodies) en éliminant la part de Johann Christoph Pepusch (qui avait réalisé la basse continue) pour en faire… du Britten. Tout est retravaillé, transformé, transposé, bref, du neuf avec du vieux, un ouvrage que n'aurait pas renié le Stravinsky de Pulcinella. Ainsi rénovée, l'œuvre prend sa revanche et commence dans les années 50 une belle carrière, couronnée par ce présent enregistrement, prévu pour la BBC et diffusé sur petit écran le 31 octobre 1963. Le plus incroyable, la notice nous le dévoile, est que l'enregistrement s'est déroulé en une seule prise.

La petite troupe réunie pour l'occasion a l'habitude de jouer et chanter ensemble : tous sont membres de l'English Opera Group et participent au Festival d'Aldeburgh. et , au début de prometteuses carrières, sont hilarantes en maîtresses rivales de Macheath, tenu avec brio par (en replacement de Peter Pears). Un autre habitué de la troupe est , assistant du Maître, qui mène son groupe à bon port. La mise en scène (et mise en abyme d'un théâtre dans le petit écran) de Charles R. Rodgers est toujours vivante et enlevée, bien relayée par la caméra de .

La bande originale a été restaurée au mieux, bien qu'en 1963 le cinéma se faisait déjà en couleurs et le 33 tours en stéréo, la télévision était encore en noir et blanc et en mono. On a ainsi la curieuse impression de voir un film d'avant-guerre… surtout au niveau de la qualité sonore !

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