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Érik Truffaz & Co : Mexico, chapitre III

Érik Truffaz, , Talvin Singh

La Cité de la musique présentait pour son cycle «Répéter/varier II» une programmation singulière, avec pour fil conducteur la rencontre entre l'univers du jazz et celui de la musique électronique. Le dernier opus d'Éric Truffaz s'agence immanquablement dans ce cadre, puisque le «Mexico Project», troisième volet d'un triptyque publié chez Blue Note en 2008, n'est autre que l'association entre le trompettiste et , DJ et compositeur d'electronica. La rencontre des deux hommes est pour le moins atypique, puisque c'est par le disque et l'échange de fichiers enregistrés interposés qu'est née leur collaboration. Éric Truffaz a eu un coup de foudre pour cet artiste mexicain (Fernando Corona, de son vrai nom), véritable artisan des sons synthétiques, structurés avec une extraordinaire précision (mixe 12 à 21 pistes à la fois).

Le concert de jeudi soir présentait donc les morceaux du disque, mais aussi des œuvres antérieures de , sur lesquelles se joignaient Éric Truffaz et Talvin Singh. Et c'est bien le travail de Murcof qui est mis à l'honneur dans cette rencontre ; basées sur des tempos plutôt lents, mais contenant cette pulsation nette et grisante, ces compositions marquées par leur atmosphère s'organisent en nappes superposées, créant à chaque fois des climats différents, assez mélancoliques dans l'ensemble, dont les possibilités semblent toutefois illimitées. La trompette feutrée de Truffaz se fond élégamment dans chaque texture, avec une expressivité puissante, manœuvrant tour à tour la pédale wha-wha et le delay, variant ainsi les possibilités de son instrument. Le dévouement du trompettiste est sincère. Tout en discrétion mais généreux, il possède une réelle présence musicale.

Talvin Singh, n'apparaissant pas sur le disque, est la touche «live» et inédite du projet. Musicien indo-anglais, il est un virtuose du tabla. Il s'en donne à cœur joie, déploie une énergie constante et manifeste un enthousiasme communicatif. Néanmoins, malgré la sincérité des artistes, la vigueur du percussionniste peine à compenser une certaine inanité scénique. Certes, Murcof crée une musique électronique raffinée, qualifiée parfois de «cinématographique», mais son aspect répétitif passe peut-être mieux en disque. Cependant, la salle, pleine, fut très réceptive, et le concert remporta un franc succès.

Crédit photographique : Eric truffaz © G. Biéler

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