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Kathakali : Quand l’Occident regarde l’Orient, coloré et chatoyant…

Lavanasura Vadham

Un son de flûte exotique en coulisses… Entrée de quatre percussionnistes disposés par binômes à gauche et à droite de la scène, légèrement en retrait. Torses nus, vêtus d’un pantalon blanc. Les deux à gauche jouent du maddalam (tambour horizontal), et du cenda (tambour vertical). Ceux de droite de petites percussions en cuivre. Eux-seuls chanteront également. Ils commencent des ostinati rythmiques sur lesquels apparaissent des porteurs d’un long tapis coloré derrière lequel se cachent les deux enfants-héros de l’histoire, au visage vert, ainsi que leur mère. Tous portent des robes magnifiques aux couleurs chatoyantes, comme les autres personnages de l’histoire d’ailleurs : rouge, jaune, orange, blanc… autant de couleurs qui se marient parfaitement bien avec les couleurs vives également, des maquillages. Notons au passage que ces couleurs sont éminemment signifiantes, symboliques : elles renvoient au statut, à la fonction, à l’âge, au caractère, etc. des personnages.

L’histoire se déroule en trois temps :

– au départ, les deux enfants, munis d’un arc et de flèches, demandent à leur mère la permission de partir jouer dans la forêt. Permission accordée. Arrivés dans la forêt, ils aperçoivent un cheval blanc, veulent s’en emparer. Le premier garçon échoue et est fait prisonnier. Le second libère son frère et fait fuir son assaillant.

– Ensuite, le roi Râma (l’une des incarnations du dieu Vishnou), à qui appartient le cheval, demande à Hanuman, le dieu-singe qui lui est dévoué, de le lui rapporter.

– Enfin, Hanuman retrouve les enfants, comprend qu’ils sont les fils de Râma, se laisse faire prisonnier. Il retrouve ainsi leur mère Sitâ qui demande à ses fils de libérer le singe et de lui confier le cheval. Ils s’exécutent aimablement.

Chaque épisode est précédé d’une présentation du tapis, à l’instar du rideau dans les opéras occidentaux.

Sur cette trame dramatique, les danseurs-acteurs (des hommes uniquement) évoluent, muets, au son des percussions et du chant des deux hommes de droite qui racontent l’histoire. Les danseurs la miment, la font vivre, avec des gestes précis (ceux des mains…), des regards signifiants, des mimiques travaillées… L’ensemble requiert de l’énergie, de la concentration, pour être en harmonie à la fois avec les percussions et avec les autres partenaires avec lesquels ils effectuent parfois d’énergiques danses symétriques, par exemple lors des combats.

Du côté du public, du côté occidental donc, on en prend plein les yeux, les oreilles et l’on quitte ce spectacle abasourdi devant tant de beauté. Une esthétique et une philosophie d’un autre temps, d’un autre monde. On en ressort comme après un rêve. Un rêve merveilleux…

Crédit photographique : Kathakali © Jonathan Watts – Musée d’ethnologie de la ville de Genève

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