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Haydn / Bender, La création avortée

Orchestre Régional de Cannes

Le chaos originel ! C'est malheureusement ce qui convient le mieux à cette Création avortée de l'Orchestre Régional de Cannes. On aurait peut-être pu gloser sur l'interprétation pré-romantique ou classique de cette œuvre particulière du maître d'Esterhazy, s'il y avait pu reconnaître des choix clairs d'interprétation, mais l'uniformité de jeu ne laisse guère de doute. L'orchestre et les chœurs se sont contentés d'aligner des notes sans aucune unité.

Certes dans les moments les plus caricaturaux, une pointe de classicisme (très mozartien) voyait le jour, mais le reste de l'œuvre en était absolument dépourvu. Dès le début, les cordes et l'harmonie se sont dissociées sans jamais se retrouver, tandis que les timbales demeurèrent très en dehors. Les trompettes fausses sur leurs entrées (comme la plupart des attaques des violons) ne faisaient que souligner l'absence d'ensemble des instruments, les décalages des pupitres. Quelques beaux moments de violon toutefois, mais rare pause dans une création qui ne sortit pas du chaos pour culminer en cacophonie sur le tutti de la fin de la première partie. L'orchestre décidément faux couvrait les trois solistes dont il faut souligner la qualité des voix et l'aisance (particulièrement celle du ténor) et la belle diction (notamment celle du jeune baryton). Aucune interprétation et pas vraiment d'équilibrage, une approximation de la direction, il n'en fallait pas moins pour laisser les musiciens livrés à eux-mêmes, et l'orchestre plus que les chœurs, lâchant totalement la direction de l'orchestre à chaque entrée des chœurs ! Ce qui devait arriver arriva, l'orchestre en s'emballant ne tarda pas à délaisser les chœurs.

Bref, au lieu de l'œuvre monumentale, fine et précise de Haydn, nous avons assisté, impuissant, au massacre des innocents, en l'occurrence, les trois solistes noyés par un orchestre qui ne semblait pas avoir la moindre idée de ce qu'accompagner et soutenir veut dire. Si les musiciens n'étaient pas ensemble, si l'interprétation faisait défaut, si la direction était défaillante, c'est plus une impression de gâchis qui ressort, car on sentait des musiciens et des choristes d'un niveau certain et désireux de donner le meilleur d'eux-mêmes. C'était du reste le même sentiment qui prévalait au concert précédent, où Beethoven n'avait pas été mieux traité.

Crédit photographique : © DR

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