- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Deux grands maîtres pour Brahms

À l'occasion de ses 50 ans de scène, a enregistré les trois sonates de avec Emile Naoumoff. La sortie de ce disque a été précédée d'un concert en avant-première à la salle Gaveau en novembre dernier.

Lorsque deux maîtres chevronnés et reconnus s'associent dans le grand répertoire, un sursaut de curiosité précède toujours la première écoute. Maintes versions des sonates de Brahms existent déjà, mais celle-ci les côtoie avec honneur, dans une intimité et une complicité proche du lied.

Dès les premières mesures du Vivace de la Sonate n° 1, le ton est donné. La ligne mélodique chaude et intense de se déploie au-dessus des accords du piano, avant que les deux instrumentistes ne tissent et ne nouent de subtils contrepoints. Sombre et lumineux, douloureux et ardent, le violon s'adapte au jaillissement continu des atmosphères, s'infléchit parfois vers le ton de la confidence ; le pianiste le suit toujours. Une véritable communion réunit Fontanarosa et Naoumoff : du murmure à l'ardeur, tout y est complicité. D'une sonate à l'autre, ils s'adaptent à la versatilité des climats, au chatoiement des nuances. L'articulation du piano et du violon se fait en finesse. Le piano soutient et complète avec poésie la délicate couleur du violon.

Brahms, lui-même pianiste et violoniste, connaissait bien cette combinaison instrumentale. Fontanarosa et Naoumoff lui rendent hommage : ils excellent à rendre l'émotion, à la fois intense et ténue, voulue par le compositeur, depuis le Vivace initial jusqu'au Presto agitato final de la Sonate n° 3. La pudeur et la délicatesse des interprètes, presque réservés, permettent d'articuler chaque respiration, chaque ligne, et de respecter chaque accent. A plusieurs reprises, cette expression passionnée et discrète rappelle l'amour silencieux que Brahms porta toute sa vie à Clara, la veuve de Robert Schumann…

(Visited 186 times, 1 visits today)