Nous avions pu émettre quelques réserves sur Le vent des anches, création originale de Pascal Contet. Un spectacle émotionnellement fort, basé sur l'improvisation avec traitement informatique du son en temps réel et ajout de musiques électroniques, mais dont le statisme et le post-modernisme affiché pouvaient lasser. Comme tout objet imprévisible, le support sur DVD, loin de le léser, le met à son avantage. Les expressions des visages des trois musiciens improvisateurs en deviennent clairement visible – la pénombre constante sur scène n'était finalement pas à leur avantage. Toute l'ironie de certaines pièces est mise en valeur, telle ce Praetorius destroy, choral joué par Wu Weil à l'orgue à bouche et Pascal Contet à l'accordéon et «pollué» sonorement par les cris que fait pousser Carol Robinson à sa «demi» clarinette, amplifiés et transformés par Tom Mays.
Ce spectacle très «new age» sur scène devient, fixé sur DVD, une parabole sur la naissance du son, sur cette vibration régulière qui fait que le bruit devient note et donc musique. Carol Robinson, Wu Wei et Pascal Contet jouent de leurs anches, simples ou libres, en de constants allers-retours du bruit à la musique liés par les interventions de Tom Mays. Les interventions électroniques, loin de casser le rythme du spectacle, y ajoutent une dimension supplémentaire tel un magma sonore duquel sortirait progressivement un langage structuré. Le verbe s'est fait chair, le son s'est fait musique, et ce par la vibration d'un bout de roseau dans le vent.
En complément, un très intéressant documentaire de 45 minutes (ça nous change des «bonus échantillons» usuels) de Bernadette Pasquier sur la conception de ce spectacle dans lequel chacun des protagonistes expose son point de vue et sa contribution.