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Herbert von Karajan Memorial Concert

Ce DVD est le reflet exact, y compris pour le bonus, du programme diffusé par Arte au début de 2008, dans la foulée de cette mini tournée de l', hommage au centième anniversaire de celui qui fut son chef de 1955 à 1989, . Donné à Vienne dans la fameuse salle dorée du Musikverein, exactement la veille du concert parisien, il n'étonnera personne que ces deux concerts soient très proches musicalement parlant (et au programme strictement identique jusqu'au bis et à la brève allocution de la violoniste), et nous pourrions refaire à propos de ce DVD quasiment les mêmes commentaires que lors du concert salle Pleyel. Nous renverrons donc le lecteur à l'article initial pour la ligne général, et mettrons l'accent ici sur quelques points particuliers différentiant le live de l'enregistrement.

Le premier intérêt, et en même temps le premier paradoxe, est purement visuel et concerne la gestuelle du chef et l'effet qu'elle a sur le jeu de l'orchestre. Assez fascinante dans Beethoven car on y entend littéralement ce que l'on voit, c'est-à-dire une direction souple, parfois énergique mais dénuée de tension ou de drame, on a presque envie de dire peu beethovénienne, elle montre un orchestre exécutant quasiment chaque geste ou chaque expression du visage de son chef. Si certains se demandent encore à quoi sert un chef d'orchestre, cette captation du concerto Beethoven en est une magnifique illustration. Le paradoxe vient immédiatement après, dans la Symphonie «Pathétique» où, si l'image nous montre un toujours aussi expressif, on a cette fois l'impression que certains gestes ou mimiques restent sans effet sur le jeu de l'orchestre. On se demande alors si cet orchestre, qui a si souvent joué cette œuvre sous la direction de Karajan, ne la joue t-il quelque peu comme il l'avait apprise alors ? Bien possible et d'ailleurs à la grande satisfaction du chef si on en croit l'interview incluse en bonus.

La précision des images et la qualité des gros plans aidant, tout violoniste en herbe (ou pas !) pourra analyser à volonté le jeu et la technique d', à tel point que ses quelques imprécisions, et une belle fausse note, se voient encore plus magnifiquement qu'elles s'entendent. Ceci peut d'ailleurs jouer à double tranchant, l'intérêt visuel pouvant détourner de l'intérêt musical. Est-ce pour cela qu'il nous a semblé ressentir, plus encore qu'en live, l'aspect quelque peu inconsistant de l'interprétation de Mutter et Ozawa, très bons sur certains passages et bien plats ailleurs ? Probablement un peu.

Enfin, effet classique de l'écoute plus analytique de l'enregistrement par rapport à l'écoute plus physique et émotionnelle du concert, une certaine distanciation voire indifférence (déjà présente au concert mais compensée par la performance de très haut niveau de l'orchestre) se fait un peu plus ressentir ici, confirmant que ces interprétations ne sont peut-être pas faites pour être réécoutées souvent. Nous conseillerons donc de ne pas considérer cet enregistrement comme une version de référence pour Beethoven comme pour Tchaïkovski, mais comme le témoignage d'un événement commémoratif, non dénué d'une sincère et visible émotion de la part des Berliner Philharmoniker et d'Anne-Sophie Muter à la mémoire de celui qui a sans doute compter le plus dans leur vies musicales respectives.

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