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Les Indes galantes, tout un opéra sur le somptueux clavecin de Christophe Rousset

Rameau, toujours lui, omniprésent dans le paysage baroque français, musicien de l'avenir par excellence, sonne ici d'une manière nouvelle, différente, comme si elle avait été rêvée par son auteur, lui-même installé à ses claviers.

La démarche n'est pas nouvelle, certains compositeurs, c'est le cas ici, se prêtent à cet exercice périlleux. Déjà plusieurs musiciens au XVIIIe siècle, ont proposé des transcriptions, montrant ainsi la voie, que reprendrons par la suite les romantiques, Liszt par exemple transcrivant au piano les symphonies de Beethoven. C'était un moyen facile (!), de faire connaître ces œuvres au plus grand nombre, au travers d'une économie non négligeable de moyens, de musiciens, voire de chanteurs, le tout réduit à une simple interprète. La version qui nous est proposée ici se base sur une édition parue à l'époque chez Boivin, suite aux représentations théâtrales dont les premières furent assez controversées. Reprises en édition moderne en 1990, en livre la quasi-totalité, dont il nous explique que certaines d'entre elles, assez injouables, doivent être adaptées, aménagées, pour en permettre l'exécution.

Pour traduire cet opéra avec un simple clavecin, a choisi un exemplaire célèbre, construit par le grand facteur de clavecin Jean-Henry Hemsch en 1761, et conservé précieusement au musée des instruments à la cité de la musique à Paris. Il est heureux de pouvoir entendre ces clavecins, et non seulement les admirer lors des visites du musée. Enregistré «in situ», il déploie cependant un son assez étroit, malgré le jeu savant et vigoureux de , spécialiste du genre. Question d'acoustique du lieu sans doute, un peu trop aseptisée, qui aurait mérité plus d'espace, plus d'ambiance, pour recréer l'atmosphère de la scène de l'opéra. Ceci dit, on se délecte de tant d'airs connus autrement, qui résonnent comme de nouvelles pièces de clavecin, comme si nous découvrions de nouveaux livres du génial compositeur. Les danses se succèdent en rythme, musettes, gavottes, tambourins, et autres airs, autant de démonstrations du génie musical de Rameau.

Et comme on dit qu'en France, tout finit par des chansons, eh bien, à l'époque baroque, les choses de la musique se terminaient par des chaconnes ou des passacailles, véritables monuments d'incantation. Christophe Rousset nous gratifie à la fin de son parcours du fameux Air des Sauvages, que l'on retrouve dans ses pièces officielles pour le clavecin, et d'une Chaconne, obligatoire et magique à souhait.

Voilà bien une magnifique approche pour entendre Rameau autrement.

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