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Orphée et Eurydice par Marie Chouinard : Bacchanale débridée

, chorégraphe canadienne installée à Montréal, a l'habitude des relectures décapantes des grands mythes. Son « Orphée et Eurydice » ne déroge pas à la règle…

Orphée, le premier des poètes, perd deux fois Eurydice. Une première fois à la veille de ses noces, quand elle succombe à la morsure d'un serpent venimeux et la seconde fois aux Enfers alors qu'il se retourne, malgré l'interdiction d'Hadès, en ramenant Eurydice sur le chemin des vivants. Les Bacchantes ne feront qu'une bouchée de ce poète éploré.

De ce récit primitif, fait une fable universelle, à la fois sauvage et hyper-sexualisée. Ces sauvages-là ont vraiment l'air d'idiots : regards ahuris, yeux exorbités, mines exagérées, cris bestiaux et onomatopées. Ils sont aussi prompts à se lancer dans une bacchanale endiablée, où le sexe règne. Ce qui nous permet d'assister, sur un rythme effréné, à des accouplements hystériques, saupoudrés d'une esthétique drag-queen, dans une atmosphère orgiaque.

Démoniaques et débridées, ces danses se font et se défont, en groupe ou en solo, dans une réjouissante et délirante mythologie réinventée. La langue de Giorgio Agamben, auteur du texte «Profanations», tout comme la musique, sont délibérément primitives. Chaussés de bottes de poil ou hérissés de serpents venimeux, les danseurs déploient une énergie considérable jusqu'au défilé final, festif et délirant, orchestré sur une fanfare balkanique.

Avec cette danse animale, propose un retour à la geste primitive, où tout ramène au péché originel, pour mieux voir, à travers les récits primordiaux, d'où nous venons.

Crédits photographiques © Sylvie-Ann Paré

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