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Natalia Gutman, la diva discrète du violoncelle

Prestigieuse invitée du cycle «L'âme du violoncelle» au Musée d'Orsay, est une artiste rare, témoin d'une autre époque, d'un autre esprit, tout comme Elisso Virsaladze, partenaire chambriste de toujours.

Issue de «l'âge d'or» de l'école russe, protégée de Rostropovitch et Richter, privilégie l'intériorité, sans concession. Gestuelle épurée, sobriété absolue : l'accroche visuelle est inexistante. C'est l'oreille qui est aimantée par la force et la variété expressive d'un jeu régi par la voix.

Les deux interprètes semblent avoir – plus que jamais – l'autorité afin de parler de Brahms et Schumann, pour revisiter le romantisme avec la pointe d'esprit, d'imagination et de finesse que donne le recul des années et l'expérience. Après une Sonate n°1 de Brahms un peu massive, se nourrissant d'une sonorité fascinante, voluptueuse et corsée, Schumann est une révélation.

La poésie et la fraîcheur du violoncelle répondent à la souplesse et au cantabile du piano. Un état d'esprit qui égrène ses bienfaits dans la Sonate n°2 de Brahms où le caractère s'enflamme : les ruptures deviennent plus malicieuses et les phrasés plus volubiles.

Chaque partition est construite et vécue, de part et d'autre, avec une science consommée et une attention au détail qui pousse la perfection jusque dans l'imitation des timbres. Une leçon de style, d'intelligence et une grande soirée de violoncelle qui rappelle ce que doit être la maîtrise d'archet.

Crédit photographique : © DR

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