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Snégourotchka, un flocon de neige au printemps

Après le Coq d'Or, Melodiya poursuit l'exploitation intelligente des merveilles de son inépuisable et inestimable patrimoine, avec une autre rareté de Rimski-Korsakov : Snégourotchka.

Pour ce troisième opéra, le compositeur s'empare d'une pièce d'Ostrovski. Créée en 1873 à Saint-Pétersbourg, cette œuvre dramatique comportait une musique de scène de Tchaïkovski, qui d'ailleurs ambitionnait de poursuivre l'aventure en adaptant la pièce pour la scène lyrique. Il fut fort déçu d'apprendre que l'autre grand compositeur russe s'était approprié du sujet… La création partielle eut lieu en février 1882 au théâtre Mariinski de Saint Petersbourg avant d'être reprise, avec succès, à travers la Russie.

Le sujet, très «rimskien», flotte entre symbolisme et naturalisme du conte de fée, avec les aventures de la jeune et jolie «flocon de neige» qui fond après avoir découvert l'amour ! La musique s'écoule comme un songe orientalisant où le sens de l'orchestration de Rimski-Korsakov fait merveille. Certains passages, comme le premier air de Snégourochtka, les trois chansons de Lel, la cavatine de Bérendei, et la danse des bouffons emportent l'auditeur dans le rêve de cette musique nonchalante et suggestive d'un monde poétique imaginaire. Les commentateurs ont mis l'accent sur certaines longueurs, mais comme les opus wagnériens, cette partition nécessite d'être emporté dans les sphères de cette musique.

Cet enregistrement méconnu de 1987 a le mérite de proposer une version au catalogue ! Certes, on pourra toujours chercher les réalisations de Kondrashin et Svetlanov (Melodiya aussi !), mais la rareté de ces éditions n'en fait pas, hélas, des alternatives sérieuses. Chef lyrique compétent à défaut d'être génial, anime la partition avec solidité et évite de trop s'alanguir même si sa battue est assez carrée et manque parfois de sensualité et de mystère. À la fin de l'ère soviétique, les gosiers des chanteurs ne sont plus aussi prestigieux que ceux de leurs mythiques confrères des grandes années du Bolchoï. Pourtant, ces voix très typées, forment une distribution solide et engagée, même si l'on peut toujours ergoter sur le timbre un peu vert d' ou le vibrato un peu imposant de .

Solidité et compétence sont donc au rendez vous de ce coffret qui permet de découvrir une véritable merveille lyrique d'un compositeur d'opéra encore trop sous estimé. On peut toujours rêver d'une nouvelle version de Gergiev avec Anna Netrebko…

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