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Le Nez, un opéra qui a du flair

Après la légendaire version Rozhdestvensky (opéra de chambre de Moscou, Melodiya, 1974), s'attaque au premier opéra de , jeune compositeur de vingt-deux ans.

Le charme opère immédiatement avec cette partition volcanique, témoin de l'effervescence artistique de la naissante Union Soviétique, peu avant la mainmise de Staline sur le pouvoir. Cette parution CD fait écho à une production scénique du Mariinsky, mise en scène par , présentée en novembre 2005 à l'Opéra-Bastille.

Avec Gergiev, on s'attend à un orchestre survolté. Il ne nous déçoit jamais ! La partition est à l'image du sujet, surréaliste : un fonctionnaire de l'administration tsariste se réveille sans son nez… Les sonorités sont parfois criardes, mais somptueuses et sans excès. Le chœur du Mariinsky est tout aussi excellent que l'orchestre, chacun des choristes ayant ses «secondes de gloire». Le nez requiert 78 rôles, presque tous très courts, en accord avec la vision soviétique du moment où l'égalité sociale devait aussi apparaître sur scène.

La distribution des rôles principaux (Kovaliev, le nez, l'Inspecteur, Ivan Iakovlevitch, Praskovia Ossipovna, Ivan) est bien supérieure à la version historique de 1974. Un seul regret, toutefois très relatif : les difficultés d'Andreï Popov dans l'impossible tessiture de l'Inspecteur de police. Gerviev n'a pas trouvé la perle rare qui illumine la version de Rozhdestvensky, Boris Tarkhov.

Si cette nouvelle version vient agréablement remplir une discographie très maigre de cette œuvre, elle ne détrône pas son «ancêtre», enregistrée il y a 35 ans. Malgré ses imperfections, la version Rozhdestvensky, toujours sur le marché (couplée avec l'opéra inachevé Les joueurs) présente une effervescence et une folie moins palpables chez Gergiev. Mais pour la distribution, les couleurs et la qualité d'enregistrement, cette nouvelle lecture surpasse la précédente.

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