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Envoûtant sortilège à Bastille!

Excellente, hilarante, envoûtante, la représentation de L'enfant et les sortilèges de , présenté à l'Amphithéâtre Bastille en version de chambre. Dans une ambiance plutôt intime, les jeunes professionnels de l'Atelier lyrique de l'Opéra national de Paris, ont mis en scène un spectacle de haut niveau artistique.

Les Histoires naturelles qui ont précédé l'opéra ont tout de suite plongé le public dans une atmosphère de bonheur. Exécutées avec justesse et élégance par le duo Lefèvre-Arbet, la caractérisation musicale de ces cinq mélodies (Le paon, Le grillon, Le cygne, Le martin-pêcheur, La pintade) s'est révélée très coquine et ironique. L'humour particulier et le correct traitement vocal des pièces qui impliquent une certaine allure prosodique ont révélé les qualités interprétatives du jeune baryton français.

Dans un crescendo de hilarité, le «sortilège» de Ravel a produit les effets désirés : un envoûtement complet du public entre rêve et cauchemar. La transcription pour quatuor (piano 4 mains, flûte et violoncelle) n'a nullement pénalisé l'écriture de Ravel, bien au contraire, elle en a même souligné l'aspect intime et ludique. L'originalité d'une telle adaptation a permis d'apprécier encore plus les qualités individuelles des musiciens. Infinie la palette de nuances du piano qui rappelait or le jeu de l'harpe or les effets des percussions pendant qu'une fin d'après-midi bouleversante était reproduite sur scène. Des objets animés, animaux parlants et une nature transfigurée : arbres humanisés, chauve-souris à l'aspect intellectuel (exhilarante l'interprétation de  !), ont donné voix et corps à l'inconscient de l'enfant ravélien.

L'explosive Elisa Cenni, dans le rôle de ce petit rebelle, a parfaitement maitrisé les accès de rage et de tendresse qui caractérisent son personnage tout comme le plateau entier qui s'est livré à une excellente interprétation de cet opéra féérique. Le passage soudain d'un style musical à l'autre selon l'écriture du compositeur s'est révélé un point de force des chanteurs qui à l'aide du quatuor (sur scène comme un personnage supplémentaire) ont conduit l'auditoire dans une sorte de voyage dans le «pays des merveilles».

Crédit photographique : © Cosimo Mirco Magliocca / Opéra de Paris

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