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Une ballade romantique en si mineur avec Olivier Peyrebrune

, un jeune pianiste de grand talent, nous convie à une ballade romantique autour de la tonalité de si mineur. Ce fil rouge original donne une grande cohérence à son programme et lui permet de regrouper des œuvres majeures du répertoire, dont les deux sonates de Chopin et Liszt, encadrées par des pièces plus légères – quoique.

Son jeu clair procure une agréable sensation à l'écoute de ces pages, trop souvent noyées dans des flots de pédale. Pour autant, il ne succombe pas à une sorte d'objectivité, et sert cette musique avec toute la passion, la mélancolie, l'élégance qu'il se doit. Un regret néanmoins : la qualité de la prise de son avec une image sèche, des aigus grêles, et une mécanique assez sonore, qui nous ferait penser parfois aux bruits d'un clavecin !

La musique de Chopin, curieux mélange entre le salon et la salle de concert, est maîtrisée : le rubato, une notion si difficile pour l'interprète, est bien compris, la Barcarolle s'anime d'un souffle épique en sa partie centrale, cependant que le Largo de la Sonate est d'une expression poignante, toute en retenue, comme il sied à un lamento. Une certaine gêne est néanmoins palpable dans le Finale, un peu prudent, et l'on ne sait trop si c'est le caractère hybride de l'inspiration, l'originalité de la forme, ou encore la difficulté de certains passages digitaux qui désarçonnent notre pianiste. La Berceuse porte bien son nom, et c'est tant mieux ; conçue comme le bis, elle apporte une touche d'innocence, de légèreté bienvenue à ce programme.

Les mêmes remarques valent pour l'interprétation de la Sonate de Liszt, partition monstre s'il en est, d'un seul tenant, et basée sur une unique idée mélodique, traitée selon le procédé de métamorphose thématique cher à son auteur. ne manque ni d'idées ni de moyens pour affronter cette partition : son jeu, toujours très clair, est d'un lyrisme inspiré, mais sait aussi ménager des plages de tension, à l'instar de la fugue, grinçante à souhait, et restituer le « Grandioso » avec toute la pompe tapageuse requise. Pour autant, quelques passages flottent littéralement, et l'on se prend à craindre que cette œuvre redoutable pianistiquement parlant ne s'effondre comme un château de cartes.

La Mort d'Isolde est l'occasion de goûter des effets de clair/obscur très réussis, dans une atmosphère incandescente assez irrésistible.

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