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Au piano avec… Schoenberg

Les préjugés sont difficiles à briser. Surtout les négatifs. Ainsi de la musique d', réputée cérébrale, inaudible – la chasse gardée de quelques snobs, en somme. Pourtant, ce qui ne devrait tromper personne c'est que, malgré tous ces jugements, le viennois garde son statut de pierre angulaire pour la musique du XXe siècle.

Moins orthodoxe sans doute dans son approche que Glenn Gould, l'interprétation de a le mérite de démentir la supposée aridité de cette musique. Si la spéculation, l'expérimentation ont une part importante dans le projet du compositeur (la Valse de l'opus 25 est sensée être la première œuvre écrite selon la «méthode de composition à douze sons»), sa musique, prise à bras le corps, se révèle toute de sensibilité. C'est que, jusqu'au bout, Schœnberg se dédie de la gratuité du procédé. Son art est exigeant, mais il n'est pas tant révolutionnaire (et donc difficile d'approche) qu'on se le figure de manière générale.

Plutôt qu'à une tabula rasa donc, nous convie entre autres au bouleversant chant du signe post-romantique des Trois Pièces op. 11 ou à la fort belle apologie de l'aphorisme dans l'opus 19. La Suite op. 25 nous offre quant à elle un curieux spectacle : œuvre conséquente, fortement unitaire, elle est également la plus faible, la moins visionnaire de l'ensemble – la moins attachante, aussi. A trop vouloir appuyer sur son propre héritage (Bach, Brahms…), Schœnberg en devient importun. Reste la formidable sûreté du style, et une interprète engagée, dont la qualité du jeu ne faiblit jamais.

Un enregistrement réussi d'œuvres rarement jouées, c'est peu dire pour qualifier l'ensemble, mais suffisamment pour le recommander.

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