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Duo Darius Milhaud : deux pianos sinon rien

A la fin de l'été en Provence les cigales se raréfient. Les festivals aussi. Parmi les quelques organisateurs courageux qui n'ont pas oublié que la saison estivale se terminait le 31 août (et non le 15) citons la municipalité de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (dans le Haut-Var à mi-chemin entre Aix-en-Provence et Brignoles) qui propose quelques concerts en la célèbre basilique Sainte-Marie-Madeleine, un monumental édifice gothique terminé au XVIe siècle, célèbre chez les musiciens pour son orgue du XVIIIe sauvé pendant la Révolution par Lucien Bonaparte.

Nous les avions découvert l'an dernier dans un autre de ces nombreux petits festivals provençaux. Un an plus tard, les sœurs du tiennent toujours leurs promesses : le jeu est solide, la musicalité sans failles. Et l'exercice du deux pianos, plus risqué que le quatre mains (puisqu'il faut bien coordonner les deux instruments), semble leur réussir, malgré une acoustique trop réverbérante.

Après un Mozart d'introduction, propre et bien en place, et deux pièces de Poulenc bien interprétées, place aux choses sérieuses quand le clavier se fait plus virtuose. La Danse macabre de Saint-Saëns gagne à deux pianos une dimension quasi-symphonique (et pour cause) absente de la version pour piano seul, faite aussi par Liszt. La polyphonie, distribuée aux deux instruments, est plus lisible, une lisibilité d'autant plus évidente avec le jeu à l'articulation précise des sœurs du . Le Scaramouche qui suit, grand classique du deux pianos, bénéficie de la même fougue. Enfin c'est une œuvre curieuse qui terminait ce concert, composée elle aussi à quatre mains : la Rhapsodie arménienne de Babadjanian/Aroutiounian. Ces deux compositeurs (révélés par Khatchatourian) amis ont fixé sur papier leurs improvisations à deux pianos d'après le folklore arménien, chacun écrivant sa partie de clavier, les deux compositions étant au finale superposées. Une pièce magistrale, défendue ce soir avec conviction, qui mérite plus qu'un simple coup d'oreille.

Le public, nombreux, a bruyamment fait comprendre sa satisfaction, récompensé de deux bis, un tango d'Astor Piazzolla et … une presque obligée Danse du sabre de Khatchatourian. Les sœurs pianistes en duo sont de plus en plus fréquentes (Laffitte, Bizjak, … ), avec bien moins de tapage médiatique que leurs aînées et tout autant de talent. Le est de cette trempe là.

Crédit photographique : DR

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