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Le Chanteur de Mexico, grande première à la télévision française !

Une opérette diffusée en direct à la télévision française, sur une chaîne privée de surcroît (Paris-Première appartenant au groupe de la 6), voilà une grande première !

Fabrice Roux, le producteur, ne cache pas sa joie en lançant avec , du devant de la scène de l'opéra-théâtre d'Avignon, la captation en direct du Chanteur de Mexico. Douze caméras dont deux télécommandées et deux à l'épaule, un long bras articulé qui balaie l'espace au-dessus de la salle, et quatre cars-régie, avec une soixantaine de professionnels, le tout en HD : on n'avait pas lésiné pour cette grande première (des moyens techniques «dignes d'un match de foot» ont affirmé les responsables : c'est tout dire !!! – moyens qui ont d'ailleurs servi peu après pour le match Marseille-Monaco au stade Vélodrome, sur Canal Plus -) ; le public n'a ménagé ni ses rires ni ses applaudissements chaleureux, et l'épouse de , qui était dans la salle, a dû se régaler !

Nous n'avons pas l'audimat de la soirée, et nous n'avions pas vu le spectacle en décembre dernier – même affiche, excepté les rôles de Cri-Cri et Bilou -. Mais ce fut une belle soirée. L'Olrap, qui choisit désormais de se donner une meilleure visibilité en se faisant appeler Orchestre d'Avignon-Provence, était dans un de ses grands jours. Le metteur en scène, lui, a «fait du Jacques Duparc», mais on s'en félicite, car il est vraiment «la» référence dans le genre, sachant jouer avec grâce et naturel d'une rigoureuse géométrie, avec une parfaite intelligence du mouvement et un sens aigu du relief. Les lumières de Noël Lemaître irradient, comme si elles habitaient décors et personnages «de l'intérieur» : les couleurs explosent, les blancs jaillissent. Les costumes de Rosalie Varda – qui officiait aussi aux récentes Chorégies dans les opéras véristes – participent à la magie de l'ensemble. Pour les décors aussi, bravo, tant dans les scènes basques que dans les rencontres intimistes ou les ballets, que dans l'immense silhouette du transatlantique tout droit sorti d'un souvenir publicitaire ; en revanche, quelle horrible marionnette articulée en fond de décor des fêtes mexicaines !!!

Les ballets d'Eric Belaud, pour leur part, sont toujours élégants et aériens, du Moulin de la Galette endiablé à un Mexico chatoyant, et le danseur soliste José-Manuel Huertas est éblouissant.

La distribution est parfaite : la pétillante , tantôt acide, tantôt taquine, incarne une parfaite Cri-Cri, danseuse primesautière, chanteuse émouvante dans son interprétation de «ça m'fait quèq'chose». minaude parfaitement une Eva qu'on croirait taillée sur mesure. Michel Grisoni s'offre les improvisations dont il a le secret, osant des «Oh oh oh… bama… Oh… mamy blues… Oh… Tamiflu…» qui font mouche.

Quant au rôle-titre, l'excellent Mathieu Abelli, il a montré une aisance hors du commun malgré les contraintes techniques de la captation télévisuelle. Engagé comme ténor pour ce même rôle en 2006 au Châtelet, il se retrouve maintenant… baryton. Et l'élargissement de sa palette dont il joue en virtuose doit lui ouvrir désormais bien d'autres rôles à sa mesure. Son indéniable présence, sa voix souple et précise, son timbre multiple et toujours impeccablement placé, son charme ensoleillé, l'intelligente générosité de son jeu vocal et scénique, le promettent au répertoire le plus large.

Enfin l'opérette a prouvé que, traitée avec la même rigoureuse qualité que l'opéra, elle est comme lui un genre majeur. Tout comme la comédie ne saurait en aucun cas être tenue pour un sous-produit de la tragédie !

Crédit photographique : (Vincent), (Cri-Cri) ; (Vincent), (Eva) © Cédric Delestrade

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