L'Espagne du XVIIe siècle n'est pas une région où il fait bon vivre : épidémies et malnutritions y sont le quotidien des populations alors que les défaites militaires s'accumulent tandis que l'inquisition veille.
C'est dans ce contexte difficile que s'affirme le compositeur Joseph Ruiz Samaniego. Mais les lacunes des sources ne permettent pas de tracer précisément la biographie de ce compositeur doué mais irascible qui fut relevé de ses fonctions directoriales au service du Vicaire général d'Aragon pour ne pas avoir nourrit convenablement les jeunes musiciens dont il avait la responsabilité et la charge financière.
Relativement épargné par les fléaux de son temps et proche de certains puissants protecteurs dont ce Vicaire d'Aragon qui était l'un des fils illégitimes du roi Philippe IV, Samaniego bénéficie de conditions de travail relativement optimales au regard de ses contemporains et d'une manne financière alors considérable en provenance de ses généreux mécènes. Sa musique, au nombre de près de deux cents pièces, montre un goût pour les expérimentations instrumentales et vocales.
L'intelligent album Alpha propose une sélection de Villancicos, ce terme désigne des compositions vocales à thèmes religieux et rédigées en langue vulgaire. La forme alterne des refrains et des couplets. Initiées par le théâtre, ces Villancicos passèrent progressivement au domaine religieux, tout en gardant différents éléments comme un traitement dramatique avec des dialogues, des personnages et une action souvent élémentaire. Ce mélange de sacré et de profane, joué avec engagement et conviction par les chanteurs, subissait souvent les foudres des gardiens des dogmes et des censeurs.
L'ensemble Lós Mùsicos de Su Alteza, mené du clavecin par son chef Luis Antonio González, se déploie avec l'énergie requise mais aussi avec charme très méditerranéen. Méconnue, la musique vocale italienne du XVIIe siècle connaît ici une réalisation documentaire d'importance.