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Solo 2-fréquences de Brice Leroux : Expérience sensorielle

nous convie à une performance hypnotique pour cinquante spectateurs seulement sur le plateau du Théâtre de la Ville.

Cinquante chaises, pas une de plus, attendent en cercle les spectateurs à l'issue d'un sombre couloir en colimaçon, dans lequel ils s'engagent un par un. Comme le dit l'un des administratifs du Théâtre de la Ville, cela ressemble furieusement à la file d'attente du train fantôme dans un célèbre parc d'attractions – hésitation et appréhension. Autour de l'espace scénique plongé dans le noir, un technicien finit de remonter les 100 métronomes qui « joueront » la partition de Ligeti quelques minutes plus tard.

Au centre du cercle, une cage dorée formée de rais lumineux habitue doucement les yeux des spectateurs à l'obscurité. Le ballet déréglé des 100 métronomes peut alors démarrer. Leur poids s'éclaire furtivement d'une lueur fluorescente, se balançant en rythmes syncopés. On croit voir une armée de lucioles besognant laborieusement. Une lumière enfin se fait jour sur le plateau, alors que rai par rai, la cage se referme sur le corps d'un homme.

Si le dispositif lumineux et sonore est totalement hypnotique, repoussant les perceptions humaines à la limite de l'extrême, la chorégraphie semble plus frustre. Ondoiement perpétuel inspiré de la gestuelle du discobole antique, elle résulte en définitive d'une savante combinaison de flexions et de torsions dans un continuum lumineux lui aussi. Il s'agit pour le chorégraphe d'analyser de manière exhaustive les possibilités de mobilité du buste en combinant quatre directions de flexions et deux directions de torsion pour obtenir au total quinze positions. Le tout sur un plateau tournant dont le rythme giratoire permet à l'ensemble des spectateurs de bénéficier du même point de vue, à 360°.

Comme , dont c'est le sixième spectacle en dix ans, de nombreux chorégraphes ont expérimenté la lumière et le son dans leurs créations. L'un des pionniers, Alwin Nikolaïs, créait en utilisant les moyens optiques les plus simples des effets spectaculaires. Son héritier d'aujourd'hui, Philippe Decouflé, joue à merveille des ombres chinoises et autres illusions pour des spectacles magiques. Plus près de nous, des chorégraphes comme Emmanuelle Huynh, Boris Charmatz ou Christian Rizzo, poussés par une nouvelle génération de créateurs expérimentateurs lumineux et sonores, ont cherché à dilater les perceptions du spectateur.

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