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Golgotha de Steven Cohen : Chemin de croix

Artiste juif, blanc et homosexuel, tel se revendique le sud-africain , invité par le Centre Georges Pompidou et le Festival d'Automne dans le cadre du Nouveau Festival, un florilège d'interventions et d'installations ultra-contemporaines.

Icône gay, travesti queer, affiche sa singularité d'artiste et sa difficulté d'être au monde dans des performances excentriques et extravagantes. Toujours au bord du précipice, comme un funambule, il refuse d'évoluer sur ses deux pieds et se retrouve juché sur des échasses, des chaussures à plateforme ou lesté des semelles de plomb d'un scaphandrier. Sa dernière trouvaille, dont il use à loisir dans Golgotha, est constituée de deux crânes humains véritables (skulls) équipés de talons aiguilles (stilletos), qu'il a baptisé skulletos. Une trouvaille macabre et très drôle.

Golgotha, en hommage à son frère suicidé, est une succession de performances plasticiennes accessoirisées et de séquences vidéos dans lesquelles il se met en scène en reposoir de couronne de mariée ou en costume trois pièces à Wall Street. Le crâne rasé, il arbore un unique maquillage orné d'ailes de papillons, qu'il ôtera à l'issue de l'ultime séquence du spectacle. C'est un « performer » tel qu'on peut le voir dans le monde de l'art contemporain (Matthew Barney, par exemple), mais c'est un « performer » souffrant. Il prend ici le spectateur à témoin pour l'accompagner dans son douloureux chemin de croix.

La notion de spectacle vivant est plus exigeante que cette accumulation fascinante de happenings et de séquences filmées ne le laissent supposer. Elle nécessite la maîtrise du temps du spectacle et des différents éléments qui la compose (lumières, décor, musique, accessoires) en un tout cohérent et qui fait sens. , plasticien avant d'être chorégraphe, doit y penser pour que son œuvre atteigne une dimension plus universelle.

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