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Où est passé le piano ?

Toute sa vie, du moins après 1957, n'a cessé de clamer qu'il n'avait pas composé que West Side Story. Effectivement nous lui devons plusieurs chefs d'œuvres, les Chichester Psalms, la Symphonie n°3 «Kaddish», 1600 Pennsylvania Avenue, Mass, Songfest, … Mais sur la fin de sa vie, le Concerto pour orchestre composé pour l'année jubilaire 1986 (5747 du calendrier juif) et les 50 ans de l'Orchestre Philharmonique d'Israël, l'inspiration a du se tarir. Ives, Stravinsky, Bartók et Mahler (avec «baryton obligé» dans le dernier mouvement) sont convoqués pour concevoir un enfant illégitime, qui peut maintenant retourner à son oubli bien mérité. L'Orchestre Philharmonique de Radio-France et font leur possible pour unifier une œuvre bruyante au discours si disparate, en vain. Et l'Amicale des Tousseurs Invétérés, en congrès dans le coin, a bien fait comprendre son ennui…

L'attrait principal du concert résidait dans la résurrection de la Fantaisie pour piano et orchestre de . La «Grande Mademoiselle» avait décidé, à la mort de sa sœur Lili Boulanger, de ne plus composer. Cette œuvre, écrite en 1912, ne semble pas avoir pris en compte que Debussy avait écrit le Prélude à l'après-midi d'un faune 20 ans plus tôt… Un langage étonnant pour l'époque, basé sur la variation, franckiste en tous points : harmonie, mélodie et orchestration. A l'instar des Variations symphoniques de César Franck ou de la Symphonie Cévenole de d'Indy, le piano «sort» de l'orchestre et n'y est pas opposé comme dans le concerto classique. Encore faut-il l'entendre… Certes, ne bride pas un Orchestre Philharmonique de Radio-France en pleine forme avare de nuances. Mais , dans cette partition rare, déçoit. Les fausses notes abondent (cette Fantaisie hésitant entre tonalité et modalité, les dissonances n'ont donc pas été écrites… ), le son n'a aucune projection, ou se fait trop percussif…

Peut-être la Rhapsody in blue, que ce pianiste a à son répertoire, serait mieux maîtrisée… Peine perdue, ça en devient un catalogue des fautes de goûts et défauts techniques. La direction attentive de permet de limiter les dégâts face à un soliste qui ne tient pas les tempos. Le programme sur le papier était pourtant intéressant…

Crédit photographique : Steven Sloane © Christoph Fein

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