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Henning Kraggerud : La lumière vient de Norvège

Il faut rendre à César ce qui est à César : c'est l'audace provinciale qui donne à la vie musicale française le ton de la diversité. Lyon, Lille comme Bordeaux sont de ceux qui, avec goût, infusent du sang jeune et de la nouveauté parmi les solistes invités. Janine Jansen ou récemment Herbert Schuch à Lille, c'est au tour de Bordeaux aujourd'hui de distinguer le violoniste norvégien dans un récital.

Il est accueilli dans les plus grandes salles à travers le monde et le Grand Théâtre est à sa juste mesure. Avec , son complice au disque, le violoniste cisèle un programme – à prédominance scandinave – aventureux et raffiné qui ne lâche pas son auditoire.

Loin de tous stéréotypes, leur répertoire romantique est une bouffée d'oxygène. Dans Grieg ou Sibelius, ils installent une urgence, un lyrisme épuré et un plaisir non dissimulé des transitions qui en ravivent les couleurs et les rend d'actualité. Revisités avec tendresse et l'espièglerie, le folklore et la danse sont exempts de toute charge nationaliste. Brahms, lui, nous parvient comme au travers d'un rêve. Aucune trace de lourdeur ou de suffisance dans l'expressivité à la fois fébrile et méditative. Chaque mouvement est ici une miniature : préparé avec minutie et terriblement authentique.

La spontanéité du violoniste s'appuie sur une technique brillante et trouve dans le jeu plastique du pianiste un accompagnement idéal. Sous leur doigts, Szymanovski prendrait presque des allures d'improvisation. Pages exaltantes et poétiques, les deux solistes s'immergent dans leur intensité dramatique et leur poésie avec autant de passion que de délicatesse.

Une soirée savoureuse et vivifiante dont le succès balaye toutes sortes de préjugés.

Crédit photographique : © Observatoriet / Simax Classics

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